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Alors que les violences faites aux femmes sont enfin reconnues comme un fléau mondial à combattre, les influents et riches promoteurs du marché de la reproduction humaine oeuvrent sans relâche à valoriser et à faire légaliser la vente d'enfants par des mères porteuses. Pourtant, la GPA (gestation pour autrui), produit de la technicisation et de l'artificialisation des rapports humains affublé d'un ersatz de terminologie féministe, implique un triple sacrifice : celui que la mère fait d'elle-même, celui de l'enfant et celui de l'égale dignité des êtres humains.
Si l'idéologie ultralibérale considère la vente de leurs capacités de reproduction comme un droit des femmes, ce livre montre qu'il s'agit plutôt d'une déshumanisation relevant du néopatriarcat. Celui-ci donne aux femmes le choix de subir des violences médicales, psychologiques et économiques, et transforme l'enfant en objet de fabrication et de transaction marchande, lui niant ainsi le statut de sujet.
Cette conviction anime l'ensemble des contributrices et contributeurs : universitaires, journalistes, pionnières et militantes de la lutte pour les droits des femmes, des lesbiennes et des homosexuels. La diversité des approches -théorique, historique, politique, scientifique et linguistique- et la variété des origines géographiques -nécessaire car il s'agit d'un commerce mondial- permettent une appréhension critique globale et approfondie de la GPA, faisant de ce livre une référence pour comprendre l'industrialisation de la fertilité humaine et le danger des forces du marché.
Contre la reproduction artificielle de l'humain
Lorsqu’il est question du débat sur la Gestation pour autrui (GPA), il est de coutume de le résumer à une opposition entre, d’un côté, les défenseurs « progressistes » « de gauche » qui y voient une avancée dans les domaines du droit et de la liberté et, de l’autre côté, les conservateurs « de droite » qui y voient une menace contre un prétendu modèle familial traditionnel (papa – maman – bébé).
Dès lors critiquer la GPA vous range automatiquement dans le camp de la « Manif pour tous » », comme si aucune autre critique que réactionnaire n’était possible.
Ce livre, sous-titré « Une critique féministe de la GPA », vient heureusement démontrer le contraire en proposant une critique, féministe donc, mais surtout sociale et politique de la GPA s’opposant à la fois aux discours apologistes et aux critiques types « Manif pour tous » illégitimes car étant purement idéologiques.
Il ne s’agit pas dans ce livre de remettre en cause l’envie d’être parents des commanditaires de la GPA ou de discuter de leur légitimité à être parents mais bien plutôt de dépasser ce plan personnel pour passer au plan social et politique afin d’exposer les implications qu’a la GPA sur les principales personnes concernées, à savoir les femmes (mères porteuses) et les enfants nés de GPA.
Le constat des autrices est sans appel : la GPA cause des violences à la fois médicales, psychologiques, juridiques et économiques aux femmes et enfants impliqués. Multipliant les approches – théorique, historique, politique, scientifique et linguistique – les textes du livre se rejoignent sur une conclusion : la GPA est synonyme de marchandisation et technicisation des rapports humains et, en cela, doit être abolie.
Un des intérêts du livre est d’ailleurs de souligner que l’abolition de la GPA doit être un combat féministe. En effet, une partie du mouvement LGBT et queer défend un féminisme postmoderne qui soutient la PMA et la GPA au nom de la liberté et de l’autodétermination alors que, comme le rappelle Silvia Guerini dans le livre, la reproduction artificielle de l’humain est, en réalité, "la soumission de tous à un système technoscientifique" et, en particulier, l’exploitation des femmes avant de conclure :
« Nous sommes nés, non pas fabriqués, et nous sommes nés du ventre d’une femme »