Mai-juin 68 en Seine-Maritime - Un printemps de luttes sociales qui ont changé la vie

A l'heure actuelle le discours dominant, politique ou médiatique sur les événements de 1968, est celui de la rupture culturelle, dans les moeurs notamment- et cela grâce aux seuls étudiants -. Notre ouvrage a pour but de démontrer, à partir de l'histoire sociale dans notre département qu'il y eut une autre dimension. Nous en apportons la preuve ici par une série d'articles, par la publication d'une nombreuse et riche iconographie et de documents, tous référencés avec la rigueur qui s'impose. La quête de sources originales, jamais publiées encore n'a été possible que grâce au travail opiniâtre des chercheurs-militants et historiens de notre Institut d'Histoire Sociale. On oublie trop que la forme de lutte sociale essentielle sera l'occupation des usines, comme ce fut déjà le cas trente-deux années auparavant, lors des grèves de 1936. C'est dans un climat marqué par la montée des contestations contre le pouvoir gaulliste fragilisé lors les élections législatives de 1967, par un retour du spectre du chômage qui avait quasiment disparu depuis la 2e guerre mondiale, par un mouvement étudiant dans les universités, et par une situation internationale marquée par la guerre du Vietnam, que la France connaît la plus grande grève de travailleurs du XXe siècle. La mobilisation et la victoire seront facilitées par la signature du pacte d'unité d'action signé entre la CGT et la CFDT en 1966. Les travailleurs de notre département ont pleinement participé aux luttes de cette période, et cet ouvrage est consacré à leur histoire. De Rouen au Havre, de Dieppe à Elbeuf, peu d'entreprises, de villes, de cantons, de villages même, qui n'aient été ébranlés par l'ampleur de ce mouvement de masse. Le silence s'était fait sur le sujet. L'irruption de nouvelles figures - les femmes, les ouvriers spécialisés, les jeunes travailleurs ou les immigrés - marque de son empreinte le mouvement social. En moins de trois semaines, il bouleverse la société en profondeur. Les salaires sont considérablement augmentés (+ 35% pour le Smig), la durée du travail est réduite, les syndicats sont reconnus dans l'entreprise et, avec eux, y entre un vent de liberté. La parole et les moeurs se libèrent. Rien ne sera plus désormais, comme avant. C'est l'histoire de ces grèves en Seine-Maritime que cet ouvrage raconte, sans oublier l'atmosphère de fête, de solidarité et d'amitié chaleureuse de ces luttes dans l'usine occupée où des manifestations culturelles sont organisées. Notre livre sera nous n'en doutons pas, un ouvrage de référence pour les militants qui luttent de nos jours et pour les futurs historiens.