Vaisseau pour un lac mort - Journal de bord - Grand Format

" Vivre ici nous mettait à part. Le prestige mystérieux de l'isolement déteignait sur nous, nous singularisait. Ce pays est mythique, ancestral. On ne peut y vivre sans en être touché. C'est une curieuse expérience que celle de grandir dans un pays pareil. Peut-être est-ce comme d'être très beau. C'est ce que les gens remarquent en vous et qui vous rend différent et unique. Cela devient une façon pour vous de vous identifier. C'est de là que je viens. C'est mon pays. C'est moi. " A la mort tragique de son père, Kim Mahood s'embarque pour un voyage extraordinaire vers les terres de son enfance, l'outback, cœur de l'Australie. Elle ressent ce périple comme une étape obligatoire pour faire son deuil. Mais, de souvenirs en retrouvailles avec ceux restés sur ces terres ingrates et magnifiques, elle confronte en fait ses propres fantômes. Qui est-elle ? La citadine qui prétend connaître les Aborigènes ? L'artiste qui traverse, seule avec son chien, ces immensités à l'extrême limite du désert et de l'habitable, qui s'émerveille à nouveau, nous enivre de ces odeurs, ces silences, ces paysages ? L'enfant dont elle retrouve les jeux, le nom aborigène, les blagues familiales qui ont ponctué les repas et les rares réunions avec les voisins ? La fille du bush qui, sous les étoiles, sait allumer un feu, reconnaître chaque bruit ? L'adolescente à l'heure des choix ? Une femme entre mythe, histoire et mémoire... En rentrant "chez elle", en fouillant et grattant cette terre rouge à la recherche de ses racines blanches, Kim soulève aussi, sans déclarations ni controverses inutiles, le problème de l'appartenance, un problème très politique sur lequel personne en Australie ne peut faire l'impasse. Entrecroisant trois récits, celui de l'expédition qui découvrit ce lieu, celui de son père qui tenta de le dompter, et le sien, Kim Mahood nous offre une histoire superbe de l'Australie rouge aussi originale que celle d'une vie, aussi collective que celle d'un continent.