Journée mondiale du livre et du droit d'auteur

- Il y a 3 ans
Journée mondiale de la lecture 2021

En ces temps difficiles dus à la pandémie de Covid-19, le livre fait office de valeur refugeDaniel Pennac, lauréat du prix Renaudot en 2007 pour son roman autobiographique, Chagrin d'école, publié chez Gallimard. En outre, lire seul, en famille ou en classe revêt une symbolique toute particulière ce mois-ci. En effet, le 23 avril marque la journée mondiale du livre et du droit d'auteur. Comment est née cette journée ? Pourquoi célébrer le livre ? Quels sont les enjeux de cette démarche ? Explications.

Une date spéciale

La journée mondiale du livre et du droit d'auteur (JMLDA) est une célébration visant à promouvoir le plaisir des livres et de la lecture. C'est lors de la 28e session de la Conférence générale de l'Unesco, tenue à Paris du 25 octobre au 16 novembre 1995, que le 23 avril fut choisi pour célébrer cet événement.

Pourquoi cette date ? C’est un 23 avril que sont décédés de grands noms de la littérature dont Miguel Cervantes, William Shakespeare, Inca Garcilaso de la Vega et Josep Pla i Casadevall. La symbolique de cette journée est également renforcée par la naissance d’autres grands auteurs, tels que Maurice Druon, Josep Plan, Vladimir Nabokov, Halldór Kiljan Laxness et Manuel Mejía Vallejo.

Le saviez-vous ?

Le 23 avril, les Catalans célèbrent la Sant Jordi (Saint Georges en français), soit le saint patron de la Catalogne depuis le XVe siècle. La légende dit qu'autrefois, à Montblanc (à proximité de Tarragone), un dragon persécutait les hommes. Pour apaiser le monstre, les habitants sacrifiaient chaque jour un des leurs. Après quelques années, la fille du roi, princesse Violant, fut désignée. Acceptant son destin, elle se rendit en direction du dragon. Fort heureusement, elle rencontra sur son chemin un cavalier du nom de Sant Jordi, qui décida de défier la bête. La lutte fut longue, mais le preux chevalier en vint à bout en lui tranchant la tête. Dans le sang répandu du dragon poussa un rosier dont le héros cueillit une fleur pour l'offrir à la demoiselle. En retour, celle-ci lui remit un poème d'amour. Depuis, la tradition veut qu’à cette occasion l’homme offre une rose rouge à sa bien aimée, en échange de quoi celle-ci lui donne un livre.

Des objectifs à long terme

À travers cette journée mondiale du livre et du droit d'auteur, l'Unesco s'efforce de mettre en avant le pouvoir qu’ont les livres de libérer la créativité, de favoriser la tolérance, de stimuler la solidarité et de promouvoir l'esprit de compréhension réciproque. Défendre la littérature, c'est aussi prévenir l'illettrisme, lutter contre l'exclusion et œuvrer à l'élimination de la pauvreté. De fait, la lecture contribue à l'édification de sociétés pacifiques et durables.

Un titre accordé

Chaque année, depuis 2001, un appel à candidatures est lancé pour désigner la « Capitale mondiale du livre ». Ce titre est décerné par un Comité consultatif, opérant sous l'égide de l'Unesco, qui réunit les trois organisations professionnelles internationales du monde du livre : l’Union internationale des éditeurs (IPA-UIE), la Fédération internationale des libraires (IBF) et la Fédération internationale des associations et institutions de bibliothécaires (IFLA).

Les villes intéressées postulent directement sur le site de l’Unesco. Chaque candidature est ensuite évaluée selon les critères suivants :

  • la soumission d'une liste d'activités originales,
  • un avant-projet des dépenses prévues ainsi qu’un plan de financement,
  • l’implication des autorités (incluant les organisations professionnelles et non gouvernementales) pour mener à bien le bon déroulement de la célébration,
  • la quantité et la qualité des activités qui seront organisées par la ville candidate, en collaboration étroite avec les professionnels du livre (auteurs, éditeurs, libraires, bibliothécaires, etc.).

Afin d’assurer, à tour de rôle, l’implication des États membres, l’Unesco distingue cinq régions : l'Europe, l'Afrique, les États arabes, l'Asie et le Pacifique ainsi que l'Amérique latine et les Caraïbes. Le Comité consultatif exclut l’élection consécutive de deux villes issues d’une même région.

Une ville désignée

À l'issue de ces évaluations, la directrice générale de l’Unesco prend la décision finale et nomme la ville lauréate. Celle-ci s'engage à faire rayonner la culture du livre durant un an. Depuis sa première édition, 20 villes ont déjà reçu ce label. Tbilissi est la vingt-et-unième ville nommée Capitale mondiale du livre. Les lauréats des éditions précédentes sont :

  • Madrid (Espagne, 2001),
  • Alexandrie (Égypte, 2002),
  • New Delhi (Inde, 2003),
  • Anvers (Belgique, 2004),
  • Montréal (Canada, 2005),
  • Turin (Italie, 2006),
  • Bogota (Colombie, 2007),
  • Amsterdam (Pays-Bas, 2008),
  • Beyrouth (Liban, 2009)
  • Ljubljana (Slovénie, 2010),
  • Buenos Aires (Argentine, 2011),
  • Erevan (Arménie, 2012),
  • Bangkok (Thaïlande, 2013),
  • Port Harcourt (Nigeria, 2014),
  • Incheon (République de Corée, 2015),
  • Wroclaw (Pologne, 2016),
  • Conakry (Guinée, 2017),
  • Athènes (Grèce, 2018),
  • Sharjah (Émirats arabes unis, 2019),
  • Kuala Lumpur (Malaisie, 2020).

Des actions programmées

Le lancement des festivités, à Tbilissi, aura lieu le 23 avril 2021, pour la Journée mondiale du livre et du droit d'auteur. Le slogan choisi pour la célébration est : « OK. Donc votre prochain livre est… ? ». Le programme s’articule autour de l’usage des nouvelles technologies et de leur contribution à la promotion de la lecture auprès de la jeune génération. Parmi les événements et activités prévus figurent :

  • la création de bibliothèques,
  • l'organisation d’un festival du livre pour enfants,
  • la présentation d'un projet numérique de pointe pour transformer les livres en jeux,
  • la restauration de la première maison d’édition géorgienne.
  • Le droit d'auteur mis en avant

    Célébrée dans de nombreux pays à travers le monde, la journée du 23 avril est aussi l'occasion de sensibiliser le grand public au respect du droit d'auteur. En France, nombreux sont ceux qui ont eu à cœur de révolutionner la notion de propriété littéraire et artistique.

    Au XVIIIe siècle, Pierre-Augustin Caron de Beaumarchais pose les jalons du droit d'auteur. Le 3 juillet 1777, il fonde la première société des auteurs et compositeurs dramatiques (SACD), qui a pour mission de défendre, soutenir et accompagner les auteurs. À une époque où les comédiens détiennent le monopole de l’exploitation des œuvres théâtrales, le dramaturge et homme d’affaires décident d'obtenir la reconnaissance légale des droits de propriété sur les œuvres artistiques.

    La lutte qu'il décide d'engager aboutit au décret des 13-19 janvier 1791. Il s'agit de la première loi édictée dans le monde pour protéger les auteurs. Elle énonce notamment que « la plus sacrée, la plus inattaquable et la plus personnelle de toutes les propriétés est l'ouvrage, fruit de la pensée de l'écrivain ». En 1793, la loi Lakanal accorde aux auteurs le droit de reproduction de leurs œuvres pendant toute leur vie, puis à leurs héritiers pendant une durée de cinq ans. En 1841, Lamartine propose une loi internationale qui étend dans le monde entier la protection dont jouissent déjà les auteurs français.

    Depuis, de nombreuses évolutions ont vu le jour conférant aux auteurs le droit exclusif d'autoriser ou d'interdire toute utilisation de leurs œuvres. Cependant, le développement d’internet, avec le libre téléchargement sans contrepartie d’œuvres soumises à droit d’auteur, a profondément bouleversé l'équilibre existant. Face à ces nouveaux défis, le Parlement européen décide d'adapter ses règles à l'ère du numérique. C'est dans ce contexte, que la nouvelle directive relative au droit d'auteur est adoptée le 26 mars 2019. Cette réforme constitue une avancée considérable en faveur de la protection de la création. Elle prévoit notamment des mesures pour renforcer la responsabilité des plateformes de partage en ligne (article 17) et favoriser la création d’un droit voisin pour les éditeurs de presse (article 15).

    Le Code de la propriété intellectuelle (CPI) définit le droit d'auteur comme suit :

    « L'auteur d'une œuvre de l'esprit jouit sur cette œuvre, du seul fait de sa création, d'un droit de propriété incorporelle exclusif et opposable à tous. Ce droit comporte des attributs d'ordre intellectuel et moral ainsi que des attributs d'ordre patrimonial. »

    La législation française confère donc aux écrivains deux types de prérogatives :

    • Le droit moral vise à protéger les intérêts non économiques de l’auteur (respect de son nom, de sa qualité, de son œuvre. Art. L. 121-1) ;
    • Les droits patrimoniaux permettent à l'auteur ou à ses ayants droit (ses héritiers) d'exploiter son œuvre sous quelque forme que ce soit.

    Aujourd'hui plus que jamais, il convient de sensibiliser le public (élèves, étudiants, graphistes, professionnels de l’informatique, etc.) aux principes de propriété intellectuelle. Ensemble, mobilisons-nous pour redonner au droit d’auteur sa légitimité !