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J'avais découvert la langue de Michel Falempin (Lien -> http://www.cipmarseille.com/auteur_fiche.php?id=973), son souci du continu
(expression de Jean-Paul Goux, qui publierait bientôt dans la même
collection) dans L'Ecrit fait masse, collection Digraphe, en
1976.
Pas seulement la hauteur de prise d'une grande langue, d'une
pâte lourde, d'une syntaxe tirant de tous les outils de la langue,
mais le souci (ce mot me semble rapprocher ces auteurs) de porter
la langue au contact du monde, quand bien même elle risquait de s'y
disloquer, d'avoir à lever des figures, des objets (Ponge aussi
publierait dans Digraphe : Une figue de paroles et
pourquoi) a priori hétérogènes à l'expérience littéraire.
Ce son particulier de voix, une raucité, un élan, je le
retrouverais dans La légende travestie en 1987.
Michel
Falempin a continué, l'actualité littéraire n'a pas forcément
précaution de ces veines sourdes, où pourtant elle se renouvelle,
Jacques Ancet, Jacques Abeille Jean-Paul Goux ne démentiront
pas.
D'autres livres chez Ivrea, Exeatà paraître
prochainement chez Ecbolade : je tiens à ce que publie.net
soit pour moi une affirmation. Ce souci de la langue. Et la
dette : ceux qui vous ont appris à se charger de la matière
lyrique pour la porter à sa juste épreuve.
De Faux airs, voici l'incipit :
Une relation comme ancillaire unit la littérature
au doute : tout château qu'elle invente, ne le place-t-elle
pas sur le chemin de ce maître invisible pour qu'il le dévaste de
ses soupçons, qu'il souffle sur les mystères qu'elle entretient,
qu'il en disperse les prestiges et règne enfin sur ses ruines
supposées ?
Et puis un exercice funambule : l'apostrophe adressée à un
personnage qui entre dans la pièce oùécrit le narrateur, une
simple phrase, l'adresse faite à l'autre.
C'est un récit de 40
pages, voici l'incipit de la IVème partie :
Le réel existe par imitation : il n'est pas
jusqu'aux syllabes de celle qui n'a pas parlé qu'il ne propage. Il
excède son existence muette. Il peut bien interpoler :
quiconque s'estime en vie est tenu de croire à ses tours. Mieux, il
doit en donner la preuve en en reproduisant, pour sa part, les
prestiges : cela conforte la foi en les battements du
coeur.
Que cette mise en ligne contribue à renforcer l'accueil que nous
devrons àExeat, et c'est aussi la tâche, ici.
Et si vous
trouvez chez un bouquiniste deux exemplaires de L'Ecrit fait
masse, ne les manquez pas, et réservez m'en un !
FB (Lien -> http://www.tierslivre.net)