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Texte intégral révisé suivi d'une biographie d'Octave Mirbeau. Un politicien raté est envoyé en mission scientifique à Ceylan. Sur le bateau, il rencontre miss Clara, jeune femme sexuellement libre qui fuit les mours étriquées du vieux continent. Il tombe sous son charme et la suit en Chine où elle l'entraîne dans les cercles successifs de ses fantasmes érotiques et de son sadisme. Le point d'orgue est la visite, au cour d'une nature luxuriante, du jardin des supplices.
Clara aime y regarder des tourmenteurs travailler leurs victimes avec les raffinements que commande leur rang social. Sa volupté s'exacerbe à la vue de la souffrance et de la mort. Nourri des ouvres de Sade, Barbey d'Aurevilly, Poe, Goya et Rops, Mirbeau fait ici la part belle au démon de la perversité sans s'abstenir de traiter les dimensions politiques et philosophiques de son récit. Écrit alors qu'on torture et tue un peu partout en Europe, il dédie son roman "plein de pages de meurtre et de sang [...] aux prêtres, aux soldats, aux juges,...", bref à tous ces pasteurs du peuple qui, partout, "s'acharnent à l'ouvre de mort".
À ses yeux, le monde est lui-même un immense jardin des supplices. "Partout du sang, et là où il n'y a plus de vie, partout d'horribles tourmenteurs qui fouillent les chairs, scient les os, vous retournent la peau avec des faces sinistres de joie [...]. Les passions, les appétits, les intérêts, les haines, le mensonge; et les lois, et les institutions, et la justice, l'amour, la gloire, l'héroïsme, les religions en sont les fleurs monstrueuses et les hideux instruments de l'éternelle souffrance humaine."