J'aurais peut-être dû attendre d'être sur mon lit de mort pour lire ce bouquin, pour profiter au mieux de ce qu'il apporte de définitif et de profond sur nos vies minuscules baignant dans l'infini des possibles. J'aurais dû le garder au fond de ma poche comme un bonbon empoisonné réservé pour le moment où il sera le meilleur. Mais je l'ai lu. Avant hier et hier. Et je ne serai plus jamais le même lecteur.
Les coups c'est d'abord un ton, un langage qui n'existe plus que dans les films de René Château. On aimerait une version audio lue par Jean Gabin, ça aurait un foutu relief. Puis
c'est un roman d'amour, l'histoire entre l'ouvrier Félix (le mal nommé) et Paulette (la secrétaire), un cran au dessus, qui connaît des choses, qui a des références, qui va à l'opéra et dont la famille pète plus haut que le cul qui lui sert pour s'asseoir sur la misère à laquelle elle croit échapper. Au début tout roule, Félix la séduit, lui fait quitter les griffes d'un type atroce (au passage un beau portrait de pervers narcissique avant que l'expression n'existe) et ils entament une route de petits bonheurs, de fêtes foraines, de bords de Seine. Avant que le vernis ne craque, que les mots ne sachent plus assez bien exprimer le malaise et qu'ils doivent se transformer en coups. Félix frappe. Entre eux il y a un monde qui s'est ouvert comme une plaie, mais dans lequel ils vont continuer d'avancer, car dans une plaie on est au chaud, peut-être plus qu'à la surface d'une peau froide comme le monde et ses vacheries. "La solitude, cette porte de la liberté", Félix l'a battue elle aussi, mais les coups ont un revers et la félicité vire au mal-être profond, à l'enlisement. Frapper pour refuser, refuser les faux-semblants, les compromis sociaux et culturels, en fait refuser la réalité, la vérité de ce monde injuste et cruel qui fait de nous des pantins qui tentent d'accéder au bonheur en se mettant sur la pointe des pieds.
"Ça serait trop difficile d'aimer une femme et la vérité en même temps" dit Félix. Il est difficile d'aimer ce monde et ce livre en même temps. Moi j'ai adoré ce livre
un chef-d'oeuvre français (oui oui)
J'aurais peut-être dû attendre d'être sur mon lit de mort pour lire ce bouquin, pour profiter au mieux de ce qu'il apporte de définitif et de profond sur nos vies minuscules baignant dans l'infini des possibles. J'aurais dû le garder au fond de ma poche comme un bonbon empoisonné réservé pour le moment où il sera le meilleur. Mais je l'ai lu. Avant hier et hier. Et je ne serai plus jamais le même lecteur.
Les coups c'est d'abord un ton, un langage qui n'existe plus que dans les films de René Château. On aimerait une version audio lue par Jean Gabin, ça aurait un foutu relief. Puis c'est un roman d'amour, l'histoire entre l'ouvrier Félix (le mal nommé) et Paulette (la secrétaire), un cran au dessus, qui connaît des choses, qui a des références, qui va à l'opéra et dont la famille pète plus haut que le cul qui lui sert pour s'asseoir sur la misère à laquelle elle croit échapper. Au début tout roule, Félix la séduit, lui fait quitter les griffes d'un type atroce (au passage un beau portrait de pervers narcissique avant que l'expression n'existe) et ils entament une route de petits bonheurs, de fêtes foraines, de bords de Seine. Avant que le vernis ne craque, que les mots ne sachent plus assez bien exprimer le malaise et qu'ils doivent se transformer en coups. Félix frappe. Entre eux il y a un monde qui s'est ouvert comme une plaie, mais dans lequel ils vont continuer d'avancer, car dans une plaie on est au chaud, peut-être plus qu'à la surface d'une peau froide comme le monde et ses vacheries. "La solitude, cette porte de la liberté", Félix l'a battue elle aussi, mais les coups ont un revers et la félicité vire au mal-être profond, à l'enlisement. Frapper pour refuser, refuser les faux-semblants, les compromis sociaux et culturels, en fait refuser la réalité, la vérité de ce monde injuste et cruel qui fait de nous des pantins qui tentent d'accéder au bonheur en se mettant sur la pointe des pieds.
"Ça serait trop difficile d'aimer une femme et la vérité en même temps" dit Félix. Il est difficile d'aimer ce monde et ce livre en même temps. Moi j'ai adoré ce livre