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Comment comprendre que l'on puisse comprendre ? Eclairer cette question implique d'en éclairer une autre, à savoir : qu'est-ce que penser ? A une époque où les sciences se sont accaparé la question de la pensée pour en rendre compte en termes d'objet, perdant du même coup de vue l'essentiel, à savoir que la pensée est fondamentalement le fait d'un sujet, à une époque où, curieusement, la philosophie tend à la définir d'une façon telle qu'elle en sape en même temps les conditions de possibilité, il était devenu urgent de reprendre la question en allant aux fondements.
D'autant plus urgent que les idées aujourd'hui développées sur la pensée s'inscrivent dans un contexte global (politique, artistique, historique...) où la pensée est prise pour cible. On peut en effet regarder déjà le XXe siècle comme un siècle où l'homme a commencé à " travailler " contre la pensée et, partant, contre lui-même ! C'est ainsi que les idées d'impensable, d'incompréhensible... sont aujourd'hui " à la mode ".
Relativement à l'événement épouvantable de la shoah notamment, 1'" impensable " préféré de nos contemporains, trop se plaisent à dire que l'on aurait bien là la preuve que la pensée peut se heurter à de l'altérité radicale et qu'elle doit, en conséquence, renoncer parfois à penser. Et si de telles idées étaient en vérité un subterfuge de plus pour empêcher la pensée de penser et, partant, pour dépouiller l'humanité de ce qui la fait être dans sa spécificité ?
