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Notre temps est, dit-on, celui des catastrophes. Sur les nouveaux fronts de l’écologie, du changement
climatique ou de la menace nucléaire, les idéologies du progrès ont cédé la place à l’angoisse. Mais la
résurgence des thèmes apocalyptiques est bien plus que le symptôme d’une période de crise : dès les
XVIe et XVIIe siècles, avec la disparition du cosmos comme ordre hiérarchisé au sein duquel l’homme
occupait une position privilégiée, est née une nouvelle inquiétude : celle de devoir vivre « après la fin
du monde ».
Ce livre voudrait montrer que le plus urgent n’est pas d’éviter la catastrophe à venir, mais de repenser
et de réinvestir le monde de manière nouvelle.
Michaël Foessel interprète les peurs apocalyptiques
actuelles à partir des expériences contemporaines où les sujets se sentent dépossédés du monde :
triomphe de la technique sur l’action, du capital sur le travail, du besoin sur le désir. Pour cela, il
propose une généalogie de l’idée de « fin du monde » qui distingue deux voies de la modernité : celle
qui privilégie la vie et sa conservation, aujourd’hui à l’oeuvre dans la plupart des conceptions
écologiques et précautionneuses du réel ; celle qui fait du monde le thème principal de la philosophie
en même temps qu’un enjeu politique de premier ordre.
Nous sommes désormais face à une
alternative : perpétuer la vie ou édifier un monde. Les théories de la catastrophe ne se soucient plus
de savoir quel monde mérite d’être défendu. En ce sens, le fait que la fin du monde a déjà eu lieu est
une bonne nouvelle : cela nous invite à inventer des espaces pour l’action et à fonder un nouveau
cosmopolitisme.