Autour de Charles Quint et son empire

Lorsque Charles de Gand, alors âgé de seize ans, vient en Espagne, en 1516 donc, il doit être assez semblable à l'image que nous en donne un buste datant de ces années-là, conservé à Ypres. Il nous montre un jeune homme plutôt frêle, imberbe, au regard mal assuré, au prognathisme accusé et à la bouche à demi ouverte, caractéristique considérée, selon diverses traditions, comme manifestation d'une forme de sottise. Quelle différence avec l'empereur peint, semble-t-il, par Josse Van Cleef, autour de 1530, au moment du sacre impérial de Bologne! Dans ce tableau, conservé à la Haye et appartenant à la Maison Royale des Pays-Bas, le monarque, dont les imperfections mentionnées sont gommées, apparaît maître de lui, le regard affirmé, image même de la majestas. Quel contraste également avec les deux portraits du Prado, flatteurs eux aussi, peints par le Titien, l'un en 1532-33, qui le représente debout, tenant par le collier un gros chien situé à sa gauche, l'autre, réalisé après la victoire de Müllhberg de 1547, qui le met en scène en empereur triomphant à cheval, ou encore avec le remarquable portrait de Munich, que le même Titien fit à Ausbourg en 1548 et où le souverain est assis, dans une attitude mélancolique, sorte d'annonce de son retrait à Yuste! Tout son destin se trouve en fin de compte évoqué à travers ces reflets. Revenir sur les divers problèmes liés au règne de Charles Quint est l'objet du présent volume. Il offre un éventail de travaux qui vont de l'idée impériale et de la politique menée aux guerres en Allemagne et contre l'Islam, cependant qu'on s'interroge sur les Indes de Charles Quint. Parallèlement, sont examinées des questions qui ont trait à l'univers religieux et au monde de l'art et de la culture (dont la médecine). C'est dire l'intérêt que les analyses et réflexions ici proposées peuvent avoir pour le lecteur.