Bretagne en crises ?

L'analyse de ce qui s'est passé et surtout de ce qu'il faudrait engager en Bretagne sur le plan économique n'est certes pas facile et les avis divergent : les "bonnets rouges" ont-ils contribué à faire bouger les lignes ou ont-ils seulement affiché au détriment de l'image de notre région une alliance ambigüe entre une minorité du patronat breton, les victimes de ses erreurs et quelques élus plus remuants que constructifs ? Les réponses apportées en urgence, notamment dans le "Pacte d'avenir pour la Bretagne" d'octobre 2013, sont-elles seulement d'habiles glissements de crédits pré-existants, une collection de rustines alors qu'il aurait fallu changer la roue ? Penser que notre économie peut évoluer comme elle ra fait pendant presque un demi-siècle, est-ce un scénario crédible ? N'a-t-on pas traité une mutation profonde tant sociétale qu'économique comme un déraillement passager après lequel on reviendrait tranquillement sur ses rails ? Pour croire que la croissance va redémarrer "comme avant" il faut être un rêveur impénitent, un élu à l'esprit borné par le court-terme de la prochaine échéance électorale, un trader drogué ou un économiste inféodé au bien-pensant capitalisme.
Anesthésiée par sa formidable croissance pendant les trente glorieuses, la Bretagne s'était quelque peu endormie sur ses lauriers en ne voyant pas le monde changer. Mais avant de partager la parole avec quelques acteurs économiques convaincus que la partie n'est pas perdue pour la Bretagne, plusieurs questions plus générales méritent réflexion : depuis 2013, les politiques ont-ils efficacement réagi ? N'y a-t-il pas eu une amplification injustifiée de la vision négative qui semble dominer aujourd'hui ? A-t-on pris toute la dimension de la révolution techno-scientifique que nous vivons ? Quel territoire pour la Bretagne de demain ? Quelle transition énergétique pour notre région ? Enfin, dans le contexte politique, législatif et réglementaire actuel, ne peut-on revendiquer un droit à l'expérimentation permettant de dépasser certains blocages ? Face à de nombreuses inepties réglementaires liées à la lourdeur jacobine et induisant une démobilisation locale, serait-ce politiquement incorrect de plaider le droit à un peu de bon sens, d'intelligence et d'enthousiasme dans les Régions ? Les co-auteurs ayant contribué à cet essai se sont fixés comme règle d'éviter toute langue de bois et d'être constructifs.
En période de crise, nombreux sont les prophètes de malheur ; Les auteurs se sont, au contraire, efforcés de contribuer, même modestement, à l'invention du futur de la Bretagne