Des fortifs au périf - Paris, les seuils de la ville

Obsolète dès sa construction, sous la monarchie de Juillet, la dernière enceinte de Paris reste aujourd'hui gravée dans le paysage de la capitale. Les terrains de l'ancien rempart ont accueilli dans l'entre-deux-guerres une ceinture continue d'habitations, tandis que la zone non oedificandi recevait trente ans plus tard le serpent de béton du boulevard Périphérique. Ces deux anneaux restent présentement d'une importance stratégique dans l'aménagement de la métropole parisienne. Des controverses sur le tracé de l'enceinte de Thiers aux réflexions actuelles, l'ensemble des projets politiques et architecturaux prescrivant un avenir radieux à la ceinture de Paris attendait une restitution unitaire. Eclatés en documents multiples et introuvables, les polémiques sur la désaffectation de l'enceinte avant 1914, les projets d'architectes et de techniciens des années vingt et trente, mais aussi les politiques d'aménagement routier conduisant au Périphérique, après la Seconde Guerre mondiale, font pour la première fois, l'objet d'une présentation méthodique. Les architectures idéales et les documents opérationnels - pour la plupart inédits -, relatifs à cette chronique ne sont pas le seul témoignage des vies multiples de la ceinture, et sont confrontés aux images des peintres, des graveurs et des photographes ayant exploré les marges de Paris. De van Gogh à Atget, mais aussi de Zola à Céline, l'espace de liberté des Fortifs et de la zone n'aura manqué de révéler cette " expérience du phénomène de la limite " constitutive, pour Walter Benjamin, du phénomène des seuils de la ville. Une telle expérience historique reste, au demeurant, à reformuler en termes contemporains, cent soixante-dix ans après l'" embastillement " de Paris.