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Ce livre reconstruit la destinée italienne de Diderot à part entière. Après une première phase importante de diffusion de sa pensée, la fortune de Diderot a suivi une parabole descendante. A la fin de l'âge napoléonien, jusqu'au crépuscule du "long XIXe siècle", elle ne trouve qu'une renaissance tardive au XXe siècle. La pensée de Diderot circulait avec difficulté, sous les coups des cultures cléricales et anti-Lumières qui ont tenté de la neutraliser, pendant le processus de construction de l'identité nationale.
Ce livre montre le processus de mystification auquel a été soumise l'oeuvre du philosophe de Langres en Italie, par des lectures (et traductions) tronquées, partielles ou mythifiées. Ce n'est que dans les années 1960, après le travail philologique de Franco Venturi et d'autres, qu'il y eut une réviviscence de la philosophie de Diderot. Aujourd'hui, grâce à ce travail, la circulation de Diderot en Italie prend la physionomie de l'histoire intellectuelle des libres penseurs, des réformateurs, des révolutionnaires, des traducteurs politiques et de tous ceux qui se sont confrontés à l'encyclopédiste.
L'instrument philologique a permis de creuser dans la "légende noire" de Diderot "père des terroristes de l'an II" et de fouiller dans les anfractuosités de la conscience nationale italienne pour déconstruire ces images cristallisées. La civilisation italienne contemporaine, après l'Unité, a donc, parmi ses "pères fondateurs", aussi ce Diderot qui a été jugé de façon contradictoire, sinon oublié, et dont la fortune est aussi l'histoire de la fortune italienne de la Révolution française, de ses idées fondatrices développées à l'âge des Lumières.
