Biographie de Friedrich Nietzsche
Friedrich Wilhelm Nietzsche naît le 15 octobre 1844 à Röcken (Thuringe). Fils de pasteur il perd son père à l'âge de cinq ans. Avec sa mère Franziska et sa soeur cadette Elisabeth, il s'établit à Naumburg, puis fréquente le célèbre collège de Pforta (1858-1862). Après une année d'études à l'université de Bonn, il s'inscrit en philologie classique à l'université de Leipzig en 1865. Il découvre avec passion l'oeuvre de Schopenhauer en 1865 et rencontre Richard Wagner en 1868, avec qui il se lie d'amitié.
Dès l'année suivante, et sans doctorat, il est nommé à la chaire de philologie de l'université de Bâle où il rencontre le grand historien de la culture Jacob Burckhardt, qui deviendra l'un de ses maîtres. Après un bref enrôlement dans l'armée prussienne comme infirmier pendant la guerre de 1870, qui le dissuade de tout nationalisme, il publie en 1872 son premier ouvrage, La Naissance de la tragédie, dédié à Wagner dont l'originalité suscite les critiques du milieu académique.
Suivent les quatre Considérations inactuelles, de 1873 à 1876. Son état de santé fragile (migraines entraînant vomissements et troubles oculaires) le contraint plusieurs fois à solliciter des congés. Après l'ouverture décevante du premier festival de Bayreuth en 1876, Nietzsche suspend ses cours pendant une année et s'établit à Sorrente avec ses amis, "l'idéaliste" wagnérienne Malwida von Meysenbug et le philosophe Paul Rée.
De leurs échanges naîtra Humain, trop humain, dédié à Voltaire et paru en 1878, qui lui aliène notamment l'amitié de Wagner: En 1879, Nietzsche obtient sa démission et une pension de l'université de Bâle et débute une vie errante, entre la Suisse, l'Italie et la Côte d'Azur. Il publie Opinions et sentences mêlées (1879) et Le Voyageur et son ombre (1880) qui formeront la seconde partie d'Humain, trop humain.
Puis viennent Aurore (1881), sur les préjugés moraux, et Le Gai Savoir (1882), sur la philosophie de l'esprit libre. Il affectionne particulièrement Gênes et surtout Sils-Maria (Haute-Engadine), où il passe presque chaque été. En 1882, il rencontre la jeune Lou von Salomé qu'il demande vainement en mariage. Après l'échec d'une amitié à trois avec Lou et Paul Rée, Nietzsche s'isole de plus en plus, souffrant et dépressif.
Pourtant, entre 1883 et 1885, il publie les quatre parties d'Ainsi parlait Zarathoustra, qu'il considère comme son chef-d'oeuvre et qui révèle sa vision de l'Eternel Retour survenue à Sils-Maria et tenue secrète depuis 1881. En 1885, le mariage d'Elisabeth avec l'agitateur antisémite Bernhard Fürster et le départ du couple au Paraguay pour y fonder une colonie aryenne ulcèrent Nietzsche. En 1886, il publie Par-delà bien et mal, une "critique de la modernité", ainsi que de nouveaux avant-propos pour la réédition de ses oeuvres antérieures.
En 1887 paraît La Généalogie de la morale, un "écrit polémique". L'année 1888 est particulièrement prolifique : entre Sils-Maria et Turin, Nietzsche rédige Le Cas Wagner, Crépuscule des idoles, L'Antéchrist, Ecce Homo et Nietzsche contre Wagner. Il nourrit le projet d'une grande politique .., se félicite de sa bonne santé, mais présente des symptômes de démence de plus en plus nets. Le 3 janvier 1889, à Turin, il s'effondre en pleine rue.
Son ami Franz Overbeck, alerté par ses lettres délirantes, vient le chercher pour le ramener à Bâle. Il est interné à Iéna, puis transféré chez sa mère l'année suivante. Le diagnostic de la maladie de Nietzsche a fait l'objet de controverses : on allègue fréquemment une infection syphilitique; Binswanger, son médecin, a diagnostiqué une atrophie interstitielle du cerveau. Nietzsche a souvent pensé qu'il s'agissait d'une affection héréditaire, mais a déclaré à ses médecins avoir contracté la syphilis dans sa jeunesse.
En 1890, Elisabeth Forster-Nietzsche, rentrée du Paraguay, prend en main l'héritage intellectuel de son frère qui commence à rencontrer le succès en Europe. Elle engage l'édition de ses oeuvres complètes (parues en 1901), sélectionne et réarrange de manière tendancieuse une partie de l'énorme masse des textes posthumes qu'elle publiera sous le titre La Volonté de puissance en 1906. A la mort de sa mère en 1897, Nietzsche est transféré à Weimar où se trouvent déjà les Archives Nietzsche.
Lentement réduit à un état végétatif, il meurt le 25 août 1900.
