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Nous vivons dans une société des apparences. Nous vivons dans une société qui nous demande de paraître, apparemment, au détriment même d'être. Les apparences de la société des apparences sont autant ces apparences que nous possédons que celles que nous nous donnons. Elles sont notre corps et ce qui le pare de manière immédiate et médiate. Mais comment celle que nous ressentons comme la masse solide de notre corps peut-elle être une apparence ? Comment, de plus, peut-elle être apparence au même titre qu'une tenue vestimentaire ? Seule une croyance aussi solide que notre corps peut faire de celui- ci une apparence.
Seule la croyance peut faire d'un corps, d'une tenue, d'un objet quelconque une apparence. De cette croyance il sera question ici : de la croyance en des essences qui donnent aux apparences leur vie, leur sens et leur capacité de parer. Il sera question ici de la croyance qui nous motive à nous donner des apparences, à nous parer d'elles. Les pensées de Benjamin, d'Augustin, de Wittgenstein ainsi que celles de Bloch et de Feuerbach permettront de comprendre les apparences que nous nous donnons comme moyens pour atteindre une essence, que Bloch appellerait un non-encore-nous.
Nous nous donnons des apparences afin de rejoindre le non-encore- nous de nos aspirations. Ainsi comprises, les apparences nous construisent plus qu'elles ne nous détruisent, et notre société nous demande de paraître aussi afin d'être.
