Guide pour un diagnostic prairial

" Fin des années 80, des agriculteurs éleveurs de vaches allaitantes ont osé former un groupe pour entamer une démarche de développement plus autonome et plus économe. Le travail fut de longue haleine. Au fil des rencontres on s'est aperçu de la nécessité de repenser toute la problématique des outils de production et de la main d'oeuvre de l'exploitation en précisant bien les objectifs pour intégrer le système fourrager et la logique de l'éleveur.
Sur nos exploitations, la réflexion du groupe a mis en évidence la supériorité économique du système fourrager à base d'herbe en optimisant la durée de pâturage. Changer d'orientation n'a pas été chose facile. Les conseils, les échanges, les visites et l'observation de la flore m'ont conduit à réfléchir à l'importance de la qualité des produits (viande), de l'environnement et de la communication. Aujourd'hui la production d'herbe sur l'exploitation ne pénalise pas le revenu et améliore les conditions de travail en laissant plus de temps libre.
Cela m'a donné une ouverture sur la société, m'a permis d'avoir de nouvelles perspectives et surtout de maîtriser l'outil de travail. Cet ouvrage technique est un outil indispensable pour connaître la prairie dans sa diversité ainsi que son comportement face aux différents types de sol et aux différents modes d'exploitation. (Jacques ROY, Eleveur de bovins viande dans le Choletais) " Je suis installé en production laitière dans le sud de l'Ille et Vilaine sur 40 ha SAU.
L'herbe occupe aujourd'hui 30 ha, soit 75 % de la surface totale, et assure environ 80 % de l'alimentation du troupeau constitué de 30 à 35 vaches laitières à 8000 kg de lait et de génisses de renouvellement. La prairie occupe une place centrale car elle offre à la fois stabilité et sécurité du système fourrager : - La stabilité est assurée par une durée de vie longue de la prairie de l'ordre de 6 à 8 ans.
Ceci permet une rotation lente des cultures et garantit de très bons rendements sur les mars qui suivent. - La sécurité fourragère est obtenue grâce à un chargement faible : un rendement annuel de 6 tonnes de MS/ha suffit pour maintenir un bon équilibre graminées-légumineuses et pour couvrir les besoins de mon troupeau. Ce résultat est facile à atteindre même quand la météo est capricieuse. La prairie a besoin d'être respectée pour résister à l'épreuve du temps.
Il me semble important de conserver un niveau de stocks fourragers suffisamment important pour avoir la possibilité de : - garantir un repos hivernal d'au moins 1 à 2 mois. - retarder l'exploitation de printemps si les sols sont trop humides : le piétinement des animaux à cette époque peut provoquer une dégradation de la prairie et de la structure du sol pour au moins 2 ans dans nos limons humides et battants.
- éviter le pâturage trop ras qui fragilise le couvert végétal. Tout au long de l'année l'éleveur a un rôle de pilotage de ses prairies. Ceci suppose une bonne connaissance de la physiologie de l'herbe. Un pâturage réussi est un pâturage bien compris ! Ce travail de synthèse me permet aujourd'hui d'observer minutieusement l'évolution de mes prairies, voire d'anticiper et d'éviter des problèmes liés à des pratiques mal adaptées.
L'éleveur tient le premier rôle dans la régulation du couple sol-plante. Cet ouvrage est un guide précieux pour nous accompagner dans nos " tours de prairies " et pour nous aider à déchiffrer le langage de l'herbe ! " (Pascal CAPELE, Eleveur laitier en Ille-et-Vilaine)