Histoire de l'entreprise et des chefs d'entreprise en France - Tome 4, Le temps des pionniers (1830-1880), Condottiere et bourgeois

Qu'elle se révèle dans la vie de chaque jour ou dans les circonstances exceptionnelles dont témoigne toute trajectoire humaine, l'existence des chefs d'entreprise restitue des mentalités, des profils idéologiques très divers qui peuvent faire de l'Histoire aperçue sous cet angle un tableau contrasté. Mentalités dont les valeurs religieuses forment un socle important : un catholicisme, très inégalement représenté au début du XIXe siècle par des milieux d'affaires souvent marqués par la tiédeur. voisine avec des religions " parallèles " comme le saint-simonisme, doctrine pratiquée par certains dirigeants de très grandes entreprises, cependant que de larges îlots de judaïsme et de protestantisme révèlent des profils d'entrepreneurs partageant des valeurs spécifiques. Quels peuvent être les ressorts menant des hommes - ou des femmes - à l'acte d'entreprendre ? Le Pouvoir ou l'Argent, ou l'un et l'autre à la fois ? Analyse - ou psychanalyse - menant à un tableau contrasté ; à l'extraordinaire pugnacité, conduisant, dans une ville comme Mulhouse ou en région lilloise, à un foisonnement de créations, font contraste des régions statiques boudant l'investissement industriel et des patronats marqués de lassitude s'" évadant " vers d'autres états jugés plus gratifiants (la Normandie). Des valeurs de " gratuit " émergent par ailleurs du milieu à côté de valeurs " marchandes " : citons le goût pour l'art partagé par certains (encore que, sauf exception, n'émergent que rarement dans leurs rangs des nouveaux Médicis) et le besoin de considération ressenti par une classe qui n'a que peu à peu conscience de se voir totalement reconnue. Les rôles politiques achèvent de colorer la classe d'entreprise et d'éclairer sa route au sein de la bourgeoisie de l'avant-dernier siècle. Au-delà des régimes très divers (monarchie, Empire, République) dont il fait successivement l'expérience et qu'il sert sans excès d'états d'âme, le patronat français est confronté à la réalité du problème essentiel, une lutte menée au sein du Pouvoir ou à l'adresse du Pouvoir tendant à la préservation de valeurs au service d'une société qu'il appelle de ses vœux : la protection douanière ou une législation fiscale favorable sera jugée une option plus urgente que le choix de la nature, républicaine ou monarchique, de la constitution ; aux " épiphénomènes " s'opposent les problèmes véritables. Des notes détaillées achèvent ce quatrième et dernier volume consacré à l'histoire de l'entreprise et des chefs d'entreprise au " temps des pionniers ", histoire qui devrait être ultérieurement étendue à la période contemporaine.