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Durant l'hiver 1945-1946,dans un Léningrad dépeuplé par la guerre qui vient de se terminer, Anna Akhmatova passe cinq nuits entières à parler avec Isaiah Berlin, un Anglais d'origine russe de passage en URSS, un philosophe et un historien des idées, le premier Européen qu'il lui est donné de rencontrer depuis qu'elle s'est refusée à quitter la Russie au début des années 20. Ce visiteur qui arrive d'un autre monde et qu'elle baptisera "l'Hôte venu du futur" ne cessera part la suite de la hanter, et elle poursuivra pendant des années ce dialogue intime, par-delà le temps et l'espace qui les séparent.
De ces conversations nocturnes naîtront quatre cycles de poèmes inspirés par cette rencontre entre deux âmes d'exception. Leur brève et intense relation prendra dans le monde intérieur d'Anna Akhmatova une portée presque cosmique et nourrira longtemps sa poésie.
L'amour la poésie
Ces poèmes évoquent les rencontres d'Akhmatova avec l'intellectuel anglais Isaiah Berlin. Cinq rencontres qui prendront pour elle un caractère quasi cosmique. De longues nuits de conversations à bâtons rompus évoquant un monde qui lui est interdit par le régime politique. Son premier mari exécuté, son fils Liova arrêté, elle-même surveillée de près, la poétesse vit cette rencontre comme un souffle nouveau qui la bouleverse et ce durant de longues années.
Visite nocturne.
"Ce n'est pas sur l'asphalte jonché de feuilles mortes
Que tu m'attendras,
C'est dans un adagio de Vivaldi que toi et moi
Un jour on se reverra.
De nouveau les bougies seront d'un jaune terne,
Ensorcelées par le sommeil,
Mais l'arche ne demandera pas comment tu es entré
La nuit dans ma demeure.
Dans une plainte mortelle et muette ces heures
S'écouleront,
Et toujours tu liras au creux de ma paume les mêmes merveilles.
Alors viendra t'emporter mon angoisse,
Devenue fatalité,
T'emporter loin du seuil de ma porte,
Dans le ressac glacé. "