Je repérai un embranchement de rail. Avec l'aide
de mes compagnons, je plaçai cinq ou six charges
dans les aiguillages en les fixant avec du sparadrap,
comme...
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Je repérai un embranchement de rail. Avec l'aide
de mes compagnons, je plaçai cinq ou six charges
dans les aiguillages en les fixant avec du sparadrap,
comme j'avais appris à le faire, de manière à produire le plus de dégâts possible. J'enfonçai les détonateurs profondément dans les explosifs et les reliai entre eux par du cordeau détonant. Enfin, après avoir placé des crayons à retardement d'une demi-heure à l'extrémité des cordons Bickford, j'écrasai les ampoules des crayons. Un dernier regard pour voir si tout était en ordre et nous nous éclipsâmes sans bruit. Nous n'allâmes pas loin. Nous nous mîmes à l'abri d'une haie et nous restâmes là. Les minutes passaient, lentes. La demi-heure approchait. Toujours rien. C'est raté, dit un de mes compagnons. À ce moment même retentit une explosion formidable qui réveilla la campagne endormie. Sans attendre, le cœur en fête, nous rejoignîmes notre véhicule.
JEANNE BOHEC, bretonne, fille et petite-fille de Bretons, démobilisée en 1945, a enseigné les mathématiques pendant de nombreuses années et a été maire-adjoint du XVIIIe arrondissement à Paris, où elle vit toujours.