Biographie de Hayama Yoshiki
L'auteur de cette nouvelle est l'un des représentants majeurs de ce courant prolétarien qui, du début des années vingt jusqu'au milieu de la décennie suivante, joua un rôle prépondérant sur la scène littéraire japonaise. Né en 1894, Hayama Yoshiki abandonna ses études vers l'âge de dix-huit ans pour s'engager sur un cargo et, plus tard, travailler dans une cimenterie — entre autres emplois — et vivre ainsi les expériences à partir desquelles il construira la plupart de ses récits.
En 1921, il rejoint le mouvement syndical et son militantisme lui vaut plusieurs séjours en prison, séjours qu'il met d'ailleurs à profit pour rédiger ses premières oeuvres. Dès 1926, il fait partie de la revue Bungeisensen (Le Front des arts littéraires) et y reste fidèle lorsqu'elle se sépare de la tendance dominante du mouvement culturel prolétarien qui va, elle, se placer dans la mouvance du PCJ et du Comitern.
Après une longue retraite à la campagne, il part comme colon en Mandchourie en 1944 et, malade, meurt sur le chemin du retour en octobre 1945. Ecrite en prison au cours de l'été 1923, et publiée dans le numéro de novembre 1925 de Bungei sensen, La Prostituée représente avec une poignée d'autres nouvelles et Umi ni ikuru hitobito (Ceux qui vivent sur la mer, 1926), son grand roman, la partie la plus représentative de son oeuvre, celle pour laquelle il est encore connu et estimé.
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Rédigée en prison dans les années 1920, cette courte nouvelle de l'écrivain prolétarien Hayama Yoshiki est l'un de seules œuvres traduites de ce rare auteur japonais. Le ton du texte est volontairement glauque et on y découvre un personnage de matelot qui lors d'une de ses errances se voit accosté par deux sales types qui lui soutirent son argent pour l'amener coucher avec une femme. Dans une pièce sordide et nue, il découvre une femme à moitié morte et se retrouve confronté à ses désirs mais aussi à son aspiration à la sauver. Un texte fort et une curiosité très originale de la littérature japonaise.