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"Dans leur vision, des formes sortent de la plaine, qui est faite de boue et d'eau, et se cramponnent à la surface du sol, aveuglées et écrasées de fange, comme des naufragés monstrueux. Et il leur semble que ce sont des soldats... Mais les trente millions d'esclaves jetés les uns sur les autres par le crime et l'erreur, dans la guerre de la boue, lèvent leurs faces humaines où germe enfin une volonté.
L'avenir est dans les mains des esclaves, et on voit bien que le vieux monde sera changé par l'alliance que bâtiront un jour entre eux ceux dont le nombre et la misère sont infinis. Paru en feuilleton dès août 1916, Le Feu reçut le prix Goncourt en novembre de la même année, malgré son pacifisme et sa critique implicite du "bourrage de crânes". Sous la forme d'un journal de guerre, il restitue avec un réalisme saisissant le quotidien de Barbusse dans les tranchées, et celui des camarades de son escouade, avec leurs peurs, leurs rêves et leurs mots.