Le passage de l'Ebre

Daniel Fleury, parti de son propre chef et sans recommandation en Espagne à l'hiver 1936-1937, se voit une première fois refoulé à la frontière (la méfiance était de mise alors) et réussit finalement à passer Cerbère le 3 janvier 1937. En s'engageant dans les F.A.I. (milices anarchistes), il est envoyé sur le front de Huesca, où il s'étonne du climat d'improvisation et de palabres incessantes sur tout sujet. Comment des combattants enthousiastes ont-ils été asservis au rang de pions d'une stratégie meurtrière ? C'est de cette dérive que rendent compte ces pages, au fil de l'itinéraire du personnage principal, sous lequel on devine l'auteur. L'amertume de la défaite et le dégoût de la guerre, où il sera à nouveau entraîné, en 1939, expliquent sans doute que l'auteur n'ait jamais voulu revenir, depuis, sur cet épisode. Tout au plus a-t-il soupiré au soir de sa vie, en apprenant que l'Espagne offrait sa nationalité aux anciens combattants internationaux : "Trop tard".