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La crise. On ne parlait que de ça, mais sans savoir réellement qu'en dire, ni comment en prendre la mesure. Tout donnait l'impression d'un monde en train de s'écrouler. Et pourtant, autour de nous les choses semblaient toujours à leur place. J'ai décidé de partir dans une ville française, où je n'ai aucune attache, pour chercher anonymement du travail… J'ai loué une chambre meublée. Je ne suis revenue chez moi que deux fois en coup de vent : j'avais trop à faire là-bas.
J'ai conservé mon identité, mon nom, mes papiers et je me suis inscrite au chômage avec un baccalauréat pour seul bagage. Je suis devenue blonde. Je n'ai plus quitté mes lunettes. Je n'ai touché aucune allocation. Il était convenu que je m'arrêterais le jour où ma recherche aboutirait, c'est-à-dire celui om je décrocherai un CDI. Ce livre raconte ma quête qui a duré presque 6 mois.
LE QUAI DE OUISTREHAM
Pas facile de dire à quel point ce livre est important !
Du très bon journalisme d'enquête, en immersion "dans la vraie vie". Florence Aubenas rend terriblement palpable ce que les sujets télévisés ne font parfois qu'effleurer et qui restent noyés dans le flot d'informations de notre monde sur-médiatisé.
Ceux que l'on réduit au terme de "précaires" gagnent une place en pleine lumière et, par leur quotidien, qu'elle a partagé, nous questionnent sur la transformation de la société et du monde du travail.
Quand le chomeur, prié de se contenter des "heures" que l'on veut bien lui trouver, n'a plus la possibilité de choisir un travail qui soit dignement payé et qui convienne à sa formation, on peut se demander si l'on considère encore l'être humain ou si on le réduit à une statistique que l'on change de catégorie.
Saine lecture, qui remue la conscience ou qui ravive la flamme de l'indignation.