Olivia Paroldi. Mais pourquoi donc sa maman pleure-t-elle à chaudes larmes, chaque fois que résonne la voix grave et un peu fêlée de ce chanteur ? Sa mère lui a expliqué qu'elle n'était pas triste, non, mais que la beauté, parfois, ça fait pleurer de joie. C'était le cas pour cette poésie et cette musique mêlées. Olivia était encore à l'école maternelle, mais elle se souvient très bien que cette voix la happait, elle aussi, comme ses parents.
Le temps s'arrêtait lorsque le disque de Léo Ferré chantant Baudelaire faisait trembler les murs dans l'appartement parisien du quartier de Barbès. Un peu plus tard, à l'école primaire, elle découvre les poèmes de Jacques Prévert, pour lesquels elle fera de nombreux dessins. A huit ans, elle assiste au premier concert de sa vie : Léo Ferré justement. Depuis ces premières rencontres poétiques, Olivia a toujours mêlé étroitement la musique et la poésie à ses oeuvres artistiques.
Ceija Stojka. Petite fille, Ceija Stojka a vécu ce qu'aucune petite fille ne devrait jamais vivre. Jamais. Elle a été arrêtée en 1943 avec sa famille et mise dans un camp, derrière des barbelés, simplement parce qu'elle était née dans une famille Rom. Les nazis n'aimaient pas les Tsiganes. Mais au plus profond de l'horreur, elle n'a jamais oublié qu'elle venait d'un peuple qui aime chanter et saluer le jour qui vient.
Elle a grandi au milieu des couleurs, des danses et des rires, et aimait passionnément la vie. Son regard d'enfant a réussi à découvrir la beauté dans cet enfer, à se nourrir de brins d'herbe, des feuilles d'un arbrisseau, à voir le soleil. Ceija a survécu. Longtemps après, elle a voulu raconter dans ses peintures et en écrivant des poèmes, pour que personne n'oublie jamais ce qui s'est passé. Mais aussi pour dire que la joie triomphe, que le ciel est toujours empli d'oiseaux, et que chaque journée est une fête.