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Dans les années 1930, loin de se cantonner aux productions antisémites et aux oeuvres de propagande comme les fresques documentaires de Leni Riefenstahl, le IIIe Reich met sur pied une gigantesque industrie du divertissement : comédies romantiques, mélodrames, spectacles musicaux ou encore cinéma policier forment le coeur d'une production extrêmement abondante - estimée à 1094 films entre 1933 et 1945.
S'inspirant largement du modèle hollywoodien, cette usine à rêves propulse alors sur le devant de la scène nombre de comédiennes jusque-là inconnues du grand public. Conscient du pouvoir de fascination et de séduction que ces déesses de l'écran exercent sur le peuple allemand - qui, grâce à elles, oublie un temps la guerre -, Goebbels, jouant les patrons de studios, en tire le meilleur parti et leur offre des rôles variés, toutefois bien éloignés de celui de la mère de famille aryenne.
Ainsi Zarah Leander, véritable femme fatale et nouvelle Greta Garbo, prend-elle la place de Marlene Dietrich, perdue pour l'Allemagne. Marianne Hoppe, "girl next door" à ses heures, incarne pour sa part le pendant allemand de Katharine Hepburn, tandis que Lilian Harvey, à la manière d'une Carole Lombard, campe souvent la jeune ingénue piquante. Mais du haut de leur tour d'ivoire toute de glamour et de paillettes, ces stars savaient-elles qu'elles participaient à la consolidation d'un régime criminel ?