C'est un Anglais (né en 1737) devenu Américain (à partir de 1775), Thomas Paine, qui, en 1791-1792, fait paraître, en Angleterre, Les Droits de l'Homme. En 1791, Paine est depuis longtemps " le grand Américain ", le plus fameux
pamphlétaire de son pays d'adoption : quinze ans auparavant, en publiant Le Sens commun, il avait contribué décisivement à l'indépendance américaine
et à la fondation des États-Unis. Avec Les Droits de l'Homme, Paine épouse la cause de la Révolution française. Il répond aux Réflexions sur la Révolution de France, passionnément anti-révolutionnaires, de Burke. L'un et l'autre pamphlets sont superbes ; ils crépitent d'idées et de formules. Le débat qu'ils ouvrent, qui pourrait le croire clos aujourd'hui ? L'un des enjeux de l'affrontement entre Burke et Paine, c'est la notion de
" droits de l'homme " qui, prônés et critiqués, libérateurs quoique si souvent travestis, n'ont certes pas fini, aujourd'hui, de courir le monde. Les Droits de l'Homme, qui dès leur publication ont connu un immense succès, ont été aussitôt traduits en français, à deux reprises. Nous republions ici (avec quelques corrections) la meilleure de ces deux traductions : elle appartient à sa façon à l'événement que furent la publication et la diffusion du
livre de Paine ; on y sent, aujourd'hui encore, la fièvre de ces temps d'audace et de fureur.