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Le mot sonne comme une promesse. Pour définir le refuge, on sollicite l'imaginaire. Seuls ceux qui y ont séjourné peuvent le décrire. Longtemps cet hébergement est resté inclassable car à part, loin de toute civilisation. Voilà 200 ans que ces abris haut perchés, posés ou incrustés dans le relief, accueillent conquérants, contemplatifs et curieux. Mais il aura fallu attendre l'an 2000 pour que notre société s'accorde sur cette notion de refuge, abri des hommes dans une nature hostile.
Le décret du 23 mars 2007 parvient à délimiter administrativement ce qui confine à la poésie et dont l'esprit même échappe aux pesanteurs de la loi. Un refuge est donc un hébergement d'altitude isolé, à caractère collectif, accessible à pied, dont les vocations prioritaires sont la sécurité et l'accueil de pratiquants d'activités de montagne. Il est ouvert à tous et par tous temps. C'est cela mais bien plus encore.
On trouve 350 hébergements répondant à ces critères en France. De la Slovénie à la Méditerranée, 2 000 refuges maillent le massif central de l'Europe. Tous font appel à des valeurs fondamentales de l'univers montagnard. Paradoxalement, même circonscrit en une définition réductrice, cet asile atypique ne jouit d'aucun statut particulier. Et aujourd'hui, son esprit, confronté à la consommation des loisirs, à l'affluence de certains itinéraires, à la désaffection d'autres, se trouve soumis à une évolution normative parfois incompatible avec sa vocation originelle.
Rarement les refuges n'avaient fait l'objet de tant de débats. De la minuscule coque chère à Samivel aux hôtels d'altitude, le savoir-vivre sur les versants inhospitaliers est en quête de juste voie, le défi environnemental en guise de fil directeur. Voyageurs, touristes, scientifiques, explorateurs autant que randonneurs, alpinistes et architectes audacieux ont façonné ces constructions insolites.
Dans leur charpente se niche l'histoire des hommes en montagne.
