Lumières sur Louis II de Bavière ou Siegfried et les Nibelungen

Louis II de Bavière, certes, aura fait couler beaucoup d'encre. Malheureusement, l'image qui nous en reste est celle d'un roi fou, or, Louis II n'était pas fou. Sa vie, au contraire, suivra une logique sans faille : le goût de la beauté et des " hauteurs " lui donnera l'envie de le partager et d'élever son pays et son peuple au même rang que son idéal, c'est-à-dire au niveau des nuages... Il avait, en effet, cette folie des grandeurs que seuls ceux qui aiment la beauté et la création par-dessus tout sont en mesure de faire chanter en eux et autour eux. Mais Louis II, le Siegfried, héros d'une vieille légende germanique, reprit par Wagner dans " L'Or du Rhin ", sera toute sa vie confronté aux petits bourgeois et financiers de Munich, les Nibelungen, peuple de nains dont le chef Alberich vole l'or des filles du Rhin et sera, pour cela, condamné à renoncer à l'amour et à la beauté... Les Munichois vont chasser Wagner de Munich et empêcher Louis II d'y construire, entre autres, son théâtre wagnérien : leur amour de l'argent finira par se retourner contre eux - Bayreuth deviendra la capitale de la musique wagnérienne à la place de Munich - mais il sera trop tard pour Louis II... Cet être pur, perfectionniste, excentrique, certes finalement malade et souvent abusif, quasi génial, qui avait fait de la création le centre de sa vie et dont la vision fantastique ne pouvait trouver d'échos dans la petitesse de ses semblables, mourra à cause d'eux à l'âge de 40 ans... Sissi, aussi solitaire que lui et la seule à pouvoir vraiment le comprendre, mettra, le jour de sa mort, un bouquet de jasmin sur sa poitrine ; bouquet que l'on retrouvera ensuite sur la photo mortuaire. Néanmoins, malgré les petits bourgeois de Munich, les Nibelungen, Louis II, en Siegfried vainqueur, aura gagné son pari : le festival de Bayreuth, à la gloire de Wagner - son éternel protégé - et les magnifiques châteaux qu'il a fait construire attirent, chaque année, des milliers de touristes, et son " petit peuple ", qu'il aimait profondément et le lui rendait bien, le célèbre encore aujourd'hui. Indélébile empreinte. Alain de Queyriaux nous révèle non seulement le vrai visage de Louis II de Bavière, terriblement attachant, mais lève également le voile sur le mystère de sa mort...