Monsieur le baron - Album

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 Luz - Monsieur le baron.
LE BARON Ernest-Antoine Seillière de Laborde naît à Neuilly-sur-Seine en décembre 1937. Le futur patron des patrons a donc été conçu sous le Front... Lire la suite
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Résumé

LE BARON Ernest-Antoine Seillière de Laborde naît à Neuilly-sur-Seine en décembre 1937. Le futur patron des patrons a donc été conçu sous le Front populaire. C'est effrayant. On ne peut qu'être choqué par l'étrange dérèglement des sens qui a poussé un couple d'honorables sidérurgistes, milliardaires pratiquants, à procréer au moment même où triomphait la canaille partageuse. À leur décharge, il faut dire que les parents Seillière n'étaient nullement hostiles aux pauvres.
Père les envoyait tousser du fer six jours sur sept dans les mines de Lorraine et mère les dorlotait le dimanche, sous le patronage de l'œuvre des petits lits blancs, une organisation de bienfaisance qu'elle présidait. À papa la gestion dynamique, à maman le dialogue social : comment ne pas voir dans cette alchimie prospère une préfiguration du couple Seillière-Notat ? Hélas, on a toujours tort d'avoir raison trop tôt.
En ces funestes années trente, la gauche n'a pas encore appris à récompenser les pieuses aumônes patronales par des allégements de charges sur les bas salaires. C'est ainsi que le Front populaire, loin de baisser leurs impôts, s'emploie à meurtrir les Seillière en les clouant au pilori des " deux cents familles " les plus fortunées de France. L'heure est au racisme anti-riches, à cette forme achevée d'exclusion qu'un futur ami du baron, pour le soixantième anniversaire de celui-ci, dénoncera fort justement comme un " ostracisme social à l'envers " (Alain Minc dans l'Express du 11/12/97). Marqué à jamais par cette épreuve familiale, le petit Ernest-Antoine se rend justice en graffitant des plans sociaux sur les murs de son hôtel particulier, quai de New York.
Quand la colère le submerge, il se défoule sur un sac de peluches enveloppé d'un bleu de travail, dans lequel il frappe à grands coups de club de golf en ahanant : " prends ça, misérable gueux ! ". La loi des palmiers d'appartement n'est pas moins implacable que celle de la jungle. Tout se refuse au jeune baron, même le droit à une enfance malheureuse. Il rêve d'échec scolaire, mais sa condition ne lui laisse pas d'autre choix que d'intégrer Sciences-Po, puis l'ENA, où il galère dans la même promo que Jospin.
Tout au long de cette inexorable descente aux enfers, Ernest-Antoine refait inlassablement ses comptes. Son destin de fils-à-papa doré sur tranche ? La faute aux pauvres. Ils vont le lui payer cher. À la Bourse de Paris qui bat dans sa poitrine, la vengeance est la valeur qui monte en flèche. En 1971, il contracte mariage avec l'héritière d'un banquier suisse. Ernest-Antoine et Antoinette, l'acier et la monnaie.
Émus aux larmes, ses parents lui cèdent la direction de leur empire. Le moment est venu de passer à l'attaque. Le baron se consacre d'abord à la liquidation du patrimoine dynastique, la sidérurgie, histoire de jeter à la poubelle les rejetons de ceux qui, jadis, n'eurent qu'ingratitude pour les bonnes œuvres de maman. Ces représailles massives ne lui coûtent pas un rond, l'État prenant les licenciements tout à sa charge.
Merci, Raymond Barre ! Du groupe familial, le nouveau justicier du patronat ne garde qu'une cinquantaine de PME parmi les plus rentables, qu'il regroupe dans une holding, la CGIP Au passage, il supprime six mille emplois, paf ! prends ça dans les dents. Plus rien désormais ne l'arrête. A l'aube des années 80, glorieuse décennie qui rajeunira le capitalisme (relooké en " libéralisme "), déringardisera les patrons (rebaptisés " entrepreneurs ") et supprimera la lutte des classes (remplacée par l'affrontement des courants au sein du PS), Ernest-Antoine est l'un des premiers à comprendre que l'émancipation des élites ne passe plus par l'industrie, mais par la spéculation.
Pour une raison simple : l'industrie a besoin de bras, or un bras, ça peut toujours se retourner contre vous. Alors que la spéculation, elle, n'a besoin que de trous du cul. Et ça, c'est un produit que l'on sait manager. En dix ans, la valeur boursière de la CGIP passera de 4 à 13 milliards de francs. La suite, tout le monde connaît. La présidence du Medef, le rachat de la CFDT, la mise au pas des chômeurs, fannualisation, le bras d'honneur à Air Liberté, et bientôt le sous-travail obligatoire et la retraite à 65 ans.
Rien de ce qui appauvrit, violente ou précarise les smicards, les oisifs ou les superflus n'est totalement étranger à l'œuvre du baron. Ses blessures secrètes se sont refermées. Apaisé, il consent même à servir de repoussoir à la gauche jospinienne, dont il feint de rejeter les mesures instaurant la flexibilité (dites aussi " la loi sur les 35 heures "), évidemment taillées selon ses vœux. Au crépuscule de sa vie, seule lui manquait la complicité souriante d'un hagiographe capable de restituer au quotidien le sacerdoce d'une vraie, d'une authentique crevure.
C'est aujourd'hui chose faite. Maman Seillière avait ses pauvres : Luz a son baron.

Caractéristiques

  • Date de parution
    22/03/2002
  • Editeur
  • Collection
  • ISBN
    2-9512786-7-5
  • EAN
    9782951278677
  • Format
    Album
  • Présentation
    Broché
  • Nb. de pages
    64 pages
  • Poids
    0.27 Kg
  • Dimensions
    21,0 cm × 29,8 cm × 0,7 cm

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