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Pierre de Jean Olivi (ou Olieu), (vers 1248-1298), l'une des figures les plus importantes et les plus originales du XIIIe siècle, demeure encore largement méconnu. Il présente l'étonnante singularité d'avoir été à la fois un profond penseur scolastique et l'inspirateur de dissidences spirituelles intenses aussi bien au sein de l'ordre franciscain que chez des laïcs parfois illettrés, les Béguins de Languedoc et de Provence.
Olivi apparaît désormais comme un maillon entre Thomas d'Aquin, dont il discuta méthodiquement les thèses et Duns Scot ou Guillaume d'Ockham. Il est probablement celui qui a le plus précisément construit cette révolution intellectuelle de la fin du XIIIe siècle, la critique de l'analogie de l'être, qui ouvre la voie à l'affirmation de l'univocité de l'étant. Parmi ses élaborations conceptuelles, on peut citer pêle-mêle les notions de valeur et de capital en économie, la théorie de l'impetus en physique, la doctrine de l'usage pauvre en matière de spiritualité franciscaine.
Il fut aussi un grand exégète, inspirateur de nouvelles lectures eschatologiques de la Bible. Depuis un peu plus d'un siècle, on retrouve peu à peu les textes et la pensée d'Olivi, longtemps étouffée sous le poids de condamnations partielles (celles que prononcèrent l'ordre franciscain en 1283-1286, puis le concile de Vienne en 1311-1312, et enfin le pape Jean XXII en 1318-1326). Un colloque international, tenu à Narbonne en mars 1998, à l'occasion du septième centenaire de la mort d'Olivi, a poursuivi cet effort, selon l'approche plurielle et globale que réclame une complexité cohérente.
Les 23 collaborateurs de ce volume explorent les différentes facettes philosophiques, théologiques, spirituelles, exégétiques et sociales de ce grand penseur.
