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Ce livre donne des clés pour déchiffrer non seulement les faces cachées de Poutine mais aussi les aléas de ce nouveau monde. Il est le résultat d'une longue enquête qui devait être publiée plus tard, mais les événements tragiques en ont accéléré la parution. L'auteur, qui a connu Vladimir Poutine, aide à comprendre ce qui se trame dans l'esprit du dirigeant russe. Vladimir Fédorovski voit en lui cinq hommes qui façonnent le leader guerrier d'aujourd'hui : l'enfant meurtri, le sportif tacticien, l'espion fourbe, l'homme politique blessé et le tsar fantasmé.
Ce qui arrive est d'une gravité pire que la guerre froide car il y avait des lignes rouges à ne pas franchir. On assiste à un grand mélange entre propagande et politique réelle ; on ne parte plus le même langage ; on joue perdant perdant. Pour reconstruire, il faut tenir compte d'une erreur fondamentale qui remonte à la fin de la sortie du communisme : les Occidentaux ont refusé d'associer la Russie au monde libre.
On a marginalisé la Russie, on l'a humiliée même, et on le paie très cher aujourd'hui. De mère russe, de père ukrainien, l'auteur est doublement déchiré. Il a le sentiment que tout le sens de sa vie diplomatique comme fossoyeur de la guerre froide a été anéanti.
Marketing opportuniste et malhonnêté intellectuelle
Ce livre de Vladimir Fedorovski est indigeste. J'avoue ne pas avoir lu ses œuvres précédentes, mais celui-ci ressemble bien à une œuvre opportuniste, faite dans la précipitation, dans la foulée de l'agression de l'Ukraine par la Russie. Sur la forme, ce livre ne semble pas relu, ce qui démontre que l'éditeur n'a même pas fait l'effort de le mettre à l'épreuve avant sa publication. Même si je dois avouer y apprendre des choses, il semble quand même que son analyse prend parfois le dessus sur la réalité historique. Il prétend avoir aidé Gorbatchov à faire tomber l'URSS, mais les plus grands spécialistes savent que Gorbatchov est un pur produit du soviétisme, et qu'il a dû se résigner à accepter les indépendances. Il passe sous silence l'intervention des spetznaz à Vilnius et Riga en 1991. Son analyse de Poutine repose sur une ou deux rencontre qu'il a pu avoir avec lui à Saint-Pétersbourg, c'est toujours plus simple d'analyser à rebours, alors qu'Anna Politkovskaïa dessinait déjà le portrait du Poutine d'aujourd'hui avant sa mort, en 2004, dans son livre "La Russie selon Poutine". Sergeï Jirnov l'a probablement plus fréquenté dans le cadre de son activité professionnelle. Il réfute d'ailleurs l'ingérence dans les élections par la Russie, alors que plusieurs enquêtes démontrent que Cambridge analytica a participé à déséquilibrer les élections, que quelques politiciens ont reçu des sponsors très peu transparents, mais que quelques journalistes sont parvenus à relier à la Russie. Des analyses bien plus fouillées et intéressantes sont à trouver dans "Le livre noir de Poutine" dirigé par Stéphane Courtois et Galia Ackerman, "Poutine, la stratégie du désordre jusqu'à la guerre" par Isabelle Mandraud et Julien Théron, "Dans la tête de Vladimir Poutine" de Michel Eltchaninoff ou encore "Les réseaux du Kremlin en France" de Cécile Vaissié.
Si vous avez un peu de connaissance sur la Russie, passez votre chemin.