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Ouvrir le livre de Job, c'est pousser la porte de la cour d'assises dans laquelle se déroule le plus grand, l'éternel procès de l'histoire des hommes. La victime s'appelle Job ; mais ce pourrait être vous ou moi ; car ce procès est celui de la douleur humaine. Depuis le début de l'aventure terrestre, des hommes, des femmes, des enfants de tous les pays souffrent, parfois longuement, cruellement, et finissent, tût ou tard, par mourir.
De tout temps, ils ont gémi, pleuré, prié... en vain. Le suspect numéro un, c'est Dieu lui-même. Mais, en réalité, il n'est pas là, sur le banc des accusés ; on le juge donc par contumace. Il a des avocats, bien sûr : ils plaident, c'est leur métier. Pour eux, la relaxe s'impose : si leur (divin) client a frappé Job de tous les maux, c'est parce qu'il le méritait, certainement, et il n'en résultera que du bien.
La justice est sauve. Mais la victime n'est pas de cet avis. Et c'est tout l'intérêt de ce petit livre qui refuse résolument les belles phrases toutes faites des gens bien-portants et bien-pensants.