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Au Burkina Faso, l'Etat fait face à des violences très diversifiées, des violences qui mettent à mal une certaine idée de la nation : incivisme, extrémisme violent, terrorisme, conflits "communautaires", criminalité organisée transfrontalière ou transnationale, montée des revendications syndicales et des luttes corporatistes. Les unes poussent l'Etat vers un "fonctionnalisme du meilleur" auquel il semble avoir failli (l'Etat bienfaiteur), les autres le remettent en cause dans ses fondements (unité, légitimité, souveraineté).
Dans la trame diffuse des violences imputées à l'extrémisme violent et au terrorisme,transparaît comme un fil d'Ariane la crise du pastoralisme aggravée par le changement climatique et l'exacerbation de la lutte pour l'accès aux ressources naturelles. Le vieux conflit, qualifié à tort ou à raison de conflit agriculteurs/éleveurs, n'a pas trouvé les voies de médiation et de résolution partagées dans le cadre des institutions étatiques et des collectivités décentralisées.
Alors, il ressurgit sous une forme métamorphosée de conflit contre l'Etat doublé de velléités sécessionnistes, comme l'incarne par exemple le terrorisme à caractère djihadiste représenté parle groupe Ansaroul islam. La nation érigée en "communauté de destin" ne s'impose alors pas comme une communauté d'intérêts ou de sens. De là un enchevêtrement et une hybridation des différentes formes de violence qui menacent ce que certains nomment l'"Etat importé" dans son existence et, corrélativement, la nation comme communauté politique.
Fruit de l'observation de terrain, de l'étude de documents et d'une analyse historique comparée des modèles d'Etat, de nation et de citoyenneté, cet ouvrage identifie aussi les obstacles à l'élaboration d'une véritable politique de citoyenneté, garante de la sécurité humaine, et basée sur les principes de la transaction sociale et du débat public.
