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Mon grand-père : pour tout le monde dans le pays, c'était Vincent, ou bien encore le père Vincent. Lui, il avait une préférence pour son nom de famille : Murat ; à cause disait-il, d'un autre Murat, roi de Naples celui-ci ! Ce fut à partir de 1937 que je découvris véritablement Vincent. Cette année-là, il avait perdu sa fille, ma mère ! ... Durant le rude hiver 39-40, une étroite complicité s'installa entre nous.
Ah ! Nos veillées-lecture au coin du feu, toutes ces questions auxquelles je m'efforçais de trouver une réponse. Ah ! Ce jour où il me roula ma première cigarette en m'invitant à la fumer, sous prétexte qu'à treize ou quatorze ans : " j'étais en âge d'apprendre " ... Il apprivoisa le vélo vers la soixantaine : une découverte, un art de vivre ! ... Il n' en descendait plus pratiquement que pour dormir ! C'était en vélo qu'il se rendait chez l'un, chez l'autre, pour offrir ses bras courageux avides de besogne.
Tout heureux de repartir, sa musette lestée de quelques victuailles : hé oui ! C'était la guerre, les restrictions ... Vincent était un simple, naïf, candide. Il était foncièrement bon, ignorant la méchanceté, et surtout celle des autres. C'était mon grand-père ...