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L'effet de terreur produit par les explosions d'Hiroshima et de Nagasaki a fondé l'imaginaire sur lequel se construit la dissuasion. Mais la fin de l'ordre bipolaire a inféré une mutation profonde de la réflexion stratégique. Le concept de dissuasion s'inscrit désormais dans un environnement international hautement imprévisible, ce qui a induit une diversification de son contenu et de ses représentations.
L'arme nucléaire ne représente plus l'élément essentiel de la sécurité des Etats ou des alliances, en d'autres termes, la dissuasion ne s'appuie plus exclusivement sur le nucléaire. Il s'agit donc aujourd'hui de restaurer la fonction dissuasion en s'appuyant sur d'autres moyens, qui se sont multipliés, même si le nucléaire demeure l'ultima ratio. Un des défis de la réflexion stratégique serait alors d'inventer de nouveaux signaux et d'élaborer de nouveaux champs d'application, car la dissuasion demeure encore trop étroitement liée au nucléaire : il est devenu nécessaire de sortir de cette association pour la penser de façon plus globale.
Ce numéro des Champs de Mars s'articule autour de contributions qui tenteront de cerner les principaux aspects de ce que représente la dissuasion aujourd'hui. En particulier, seront abordés les thèmes qui correspondent aux enjeux stratégiques de demain en insistant sur ceux qui, soit s'insèrent dans le coeur du débat, soit seraient susceptibles d'alimenter des réflexions futures. Au moment où la France prépare un nouveau Livre blanc, repenser sa dissuasion sans tabou constitue une urgence et une nécessité.
