Connaissance des Pères de l'Eglise N° 105 mars 2007

Les Rencontres nationales de patristique de Carcassonne sont toujours un bon moment d'échanges. Le thème retenu cette année, celui des Correspondances, se prêtait particulièrement à la discussion. A l'époque des Pères où les communications étaient lentes et souvent difficiles, la correspondance servait de relais. Comme l'a souligné François Heim dans sa conférence d'ouverture, les chrétiens n'ont pas inventé le genre épistolaire, ils l'ont hérité de leurs prédécesseurs.
mais ils l'ont habité de manière nouvelle. Ils l'ont, tout d'abord, utilisé à la suite de S. Paul pour oeuvrer à l'unité des premières communautés chrétiennes en les exhortant ou en les ramenant au calme et en les enseignant. Cela apparaît nettement dans l'Epître aux Corinthiens de Clément de Rome et dans les Lettres d'Ignace d'Antioche, comme le soulignent respectivement Marcel Metzger et Bernard Pouderon.
La correspondance est également l'expression de l'amitié. Les lettres d'exil de Jean Chrysostome que présente Cyrille Crepey, en sont un témoignage émouvant. Elle s'inscrit aussi dans le cadre de la pastorale et permet à Grégoire de Nysse et à Augustin, par exemple, de proposer une synthèse sur la création, la Trinité, la prière, de manière simple, à des correspondants qui souhaitent approfondir ces questions, comme le fait ressortir Pierre Maraval.
La correspondance peut allier l'amitié et l'apport dogmatique, comme en témoigne Firmus de Césarée qui, par ses lettres, entend aider son ami Cyrille, comme le rappelle Marlène Kanaan. C'est donc tout un éventail de possibilités qu'offre la correspondance. Les Pères de l'Eglise ont su en tirer le meilleur pour rendre compte de cette Parole vivante qu'est l'Evangile, même à ceux dont ils étaient temporairement éloignés.
Dans cette correspondance aux multiples facettes, on trouve ce qu'on appelle les Lettres festales (voir p. 4, couv.), ces lettres que les patriarches d'Alexandrie envoyaient aux chrétiens d'Egypte pour leur indiquer la date de Pâques et les exhorter à vivre la Résurrection. Marie-Anne VANNIER