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Il y a les mots qui blessent, ceux que l'on n'ose prononcer ou que l'on n'aurait pas dû dire. Et puis il y a les mots qui libèrent. C'est de toutes ces paroles-là qu'il est question dans Doux mots dits. Au travers d'un recueil de poèmes qu'elle a elle-même illustré, l'artiste Clou nous invite à voyager dans son adolescence entre violences familiales et découvertes sensuelles. En trame de fond, le quotidien parisien, et comme lueur, la musique qui rend tout plus beau. Extrait :LE MANTEAU Hier, j'ai refuséLe manteauQue ma mère a choisiQu'elle a acheté, au méprisDe mes goûtsDe mes enviesElle ne m'a même pas consultéeElle l'a déposéSur mon armoireComme une grenade dégoupillée « Clou ! T'exagères »Elle a soufflé« Il est rembourré ! » Il est affreuxIl fait méméDe loin, avec, J'ai l'air d'une patate tasséeJ'ai seize ansJe me détesteMon corps est comme indépendantIl vit sa vieChange tout le tempsS'agranditS'enlaiditDe boutons blancs Si désormaisSur ce corps-làJe porte ce manteau, je vais devenirLa risée du lycée Je saisÇa fait enfant gâtéeMaisÀ seize ansÇa se faitDe demander avant d'acheter Maman a dit, Un peu vexée :« Je me le ferai rembourser »Et puis ce matin, Le froid est arrivéÀ la place du manteauJ'ai enfiléUn sweat grisSans formeSur une polaire de fortuneJ'ai préféré avoir un peu froidQue de porterCe manteau-là« Tout ça c'est du cinéma »A dit papa Non j'ai seize ansVoilà pourquoi