Géronimo a mal au dos", mais quel drôle de titre pour un poète ?! Eh oui, il faut dire avant toute chose pour ceux qui ne le connaissent pas, que Guy Goffette (même son nom est un bonheur de musicalité !) est un grand amoureux de la poésie. Un "travers" que l'on retrouve d'ailleurs dans sa prose et notamment dans ce roman où chaque chapitre se termine par un court poème, une sorte de Haïku.
Guy Goffette a "de la bouteille", attention je ne parle pas bien sûr d'une quelconque dépendance à la "Dive Bouteille", je veux dire par là qu'il connaît le dur métier d'écrire. Ce livre
est un magistral aboutissement à tout un processus d'écriture, sans doute le portait-il en lui depuis longtemps... En utilisant le personnage à l'âge adulte de Simon (le narrateur d'Un été autour du cou") et du père de celui-ci (surnommé "Géronimo"), il nous parle en fait de lui, de son papa, et de sa quête d'amour.
Géronimo vient de mourir, son cercueil est exposé dans le salon de la maison paternelle. Charmante pratique qui permet aux amis et à la famille de faire ses adieux au défunt. Ils sont donc tous là, la mère, la soeur, les deux autres frères et puis bien sûr Simon, l'aîné de la fratrie, Simon le rebelle, l'éternel expatrié aux cartes postales exposéees sur le buffet. Simon a "manqué" pendant sa jeunesse. Pourtant, Géronimo s'est toujours sacrifié pour que sa famille ne manque de rien. Mais que voulez-vous, c'est comme ça, Simon a manqué d'amour, de tendresse, de fantaisie, toutes sortes de choses qu'il est parti chercher au loin une fois adulte.
Face à ce père, dont il craignait à l'époque les "taloches" un peu trop régulières, Simon se rappelle son enfance et surtout sa soif d'autre chose. Une chose que son père terrassier, honnête ouvrier et peu enclin à l'introspection et aux questions ne pouvait lui donner. Il faut croire que nous sommes ainsi faits : nous ne pouvons accepter les failles de nos parents. Accepter qu'ils ne soient pas parfaits, ça serait rennoncer une fois pour toute à notre propre désir de perfection, plus facile donc de leur reprocher nos errances. Peu à peu pourtant, dans les souvenirs de Simon, l'image d'un père dur et exigeant mais bel et bien aimant s'impose. Un père capable de passer secrètement des heures sur un château fort en bois et carton pour juste voir briller les yeux de son fils...
Ce livre regorge de passages magnifiques, écrits divinement, et avec en plus cette petite pointe d'humour ironique du plus bel effet, la marque des plus grands. Il s'adresse à tous, car les sentiments qui agitent Simon sont universels. Tous, nous devons apprendre à notre "moi adulte" à faire la paix avec "notre moi enfant", même si comme le souligne Guy Goffette :
est-ce
qu'on grandit
jamais ?
GERONIMO A MAL AU DOS
Géronimo le père, honnête ouvrier, dur, exigeant, peu enclin à l'introspection mais aimant en dépit de tout, vient de mourir. Pour lui faire leurs adieux, ils sont tous là, amis, femme, enfants, et parmi ces enfants, Simon le narrateur, le double de Guy Goffette parti chercher au loin ce dont il avait manqué enfant : amour, tendresse, fantaisie... Ce livre boulversant regorge de passages magnifiques. Ecrit divinement avec cette petite touche d'humour qui est la marque des plus grands, il s'adresse à tous les adultes qui doivent apprendre un jour à faire la paix avec leur "moi enfant".