En cours de chargement...
Courtisane, princesse puis sainte, Liane de Pougy a vécu trois déstins en un seul. C'est pour expliquer ce triple itinéraire que j'ai écrit sa biographie, la première.
Considéeée par Edmont de Goncourt comme "la plus jolie femme de son siècle", Liane de Pougy qui naît en 1869 et meurt en 1950, traverse l'Europe en suscitant de folles passions. Cette courtisane a pour adorateurs Charles de Mac Mahon, Roman Potocki, Maurice de Rotschild, tant d'autres encore qui portaient des noms illustres.
Mais Liane ne saurait se contenter d'exploits galants avec les hommes, ou avec les femmes: elle est également l'auteur de romans comme Idylle saphique ou de remarquables mémoires comme Mes cahiers bleus, ouvrages qui sont autant de reflets de sa parfaite bisexualité.
Reine du demi-monde, Liane devient par son mariage, en 1910, avec le prince roumain Georges Ghika, une authentique princesse. Elle se consacre alors aux petits jeux de la tendresse avec, par exemple, Nathalie Barney, et au grand jeu de l'amitié avec Jean Cocteau, Max Jacob, Reynaldo Hahn, Marcel Proust (qui prête à son Odette certaines manies de Liane) et Colette (Léa, dans Chéri, doit beaucoup à Liane).
A la mort de son époux, en 1945, Liane de Pougy trouve enfin une conquête à sa mesure: Dieu.
Son confesseur, le Père Rzewuski m'avait assuré que sa patiente, entrée dans le Tiers Ordre de saint Dominique, était très proche de la sainteté".
Couverture: Photo: Alexandre Ghika
Photo: Karl Lagerfeld
Destin de femme
Quel destin que la vie de Liane de Pougy !Née Anne-Marie Chassaigne dans un milieu modeste et sévère, la future reine de Paris est, dès sa tendre enfance, attirée par les femmes. Les jambes de Mme Vogelsang agenouillée à la messe troublent déjà ses jeunes sens. Dès 16 ans, ses parents la marient à Armand Pourpe, un militaire qui prendra à la fois, et avec violence, son pucelage et ses illusions sur les hommes. Malgré tout, c'est d'un amant à l'autre qu'elle bâtira sa carrière de grande horizontale, après avoir abandonné son mari et son fils. Rapidement intronisée dans le milieu des grandes courtisanes grâce à sa fine et pâle beauté, elle fait tourner la tête des hommes les plus riches de l'époque. Partout on la reçoit « à draps ouverts ».
Cette biographie richement documentée renseigne sur la complexité du personnage et fournit nombre d'anecdotes sur ses amis de l'époque : Jean Lorrain, l'amant de Proust Reynaldo Hahn, Natalie Clifford Barney, Max Jacob, Cocteau et bien d'autres.
Chalon donne aussi très envie d'aller lire la poignée d'ouvrages écrits par Liane elle-même car, et c'est aussi ce qui la distingua de ses concurrentes, elle avait aussi un réel don pour l'écriture.
Gagnée par le spleen et les remords, la fin de sa vie sera dirigée par un désir d'absolution et de pureté : « Mon père, sauf tuer et voler, j'ai tout fait », confie-t-elle. Elle finit par fuir, son mari, sa vie, ses passions féminines, ses excès, et se réfugie en Dieu comme elle l'a fait dans le libertinage étant plus jeune, de tout son être.
Un vie entière et un destin comme il y en eut peu, à cheval sur deux siècles et deux mondes. Impossible de s'ennuyer au récit d'une telle aventure.