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"Le Brésil colonial est atteint de délire sexuel. Les capitaines
et les seigneurs portugais qui ont conquis, puis gouverné ce
pays, sont éblouis par la beauté des Indiennes et des
Négresses. Ils ont, en outre, la charge, presque officielle, de
peupler cet immense espace vide. Et comment ne pas céder à
pareille invite dans une terre que tout condamne aux frénésies
de l'amour fou: la chaleur, la langueur, et l'opulence; la force
et la sauvagerie des grands propriétaires fonciers et leur
pouvoir sans frein sur toutes les créatures de la fazenda;
l'enfermement des femmes et ces chuchotis de gynécée dans la
belle demeure baroque où règnent les ténèbres et le soupçon;
l'aiguillon du péché et les délices que la foi catholique ajoute
aux excès sexuels; la cohabitation des maîtres et des esclaves;
les beaux corps noirs ensanglantés de coups; la présence
auprès des bébés et des enfants de ces femmes superlatives
que sont les domestiques africaines, et leur odeur, leur
douceur, leur sensualité; la complication des liens de parenté
dans les "grandes maisons" des seigneurs du sucre; les ravages
de la jalousie, oui, tout conspire à organiser dans les riches
plantations du Nordeste ou de Sao Paulo une interminable
tragédie de chair et de mort, avec vengeances, mises à mort et
tortures, adultères et incestes, supplices et syphilis.
L'histoire
du Nordeste colonial compose un fastueux épilogue aux
Diaboliques de Barbey d'Aurevilly, aux Chroniques italiennes
de Stendhal." Gilles Lapouge découvre le Brésil pour la
première fois en 1950, quand il intègre la rédaction d'un
quotidien à Sâo Paulo.Trois ans plus tard, il en est devenu le
"correspondant" à Paris. Ce sont ces correspondances
"équinoxiales" entre France et Brésil qui se déploient ici au
rythme du grand décalage entre souvenirs et rêveries,
mythologie et Histoire-géographie dans un irrésistible de
mouvement de vagues.
Une évocation fabuleuse du pays dont
on ne revient jamais.