1798... Chaque matin à l'aube, dans son vieux château délabré d'Aiguebrune, Adèle écrit à Elise, la jeune fille de haute noblesse qu'elle n'a pu soustraire à la fureur révolutionnaire. Chaque matin, elle s'interroge : pourquoi Elise, qui était l'innocence même, a-t-elle dû monter sur l'échafaud, et pas elle, Adèle, également noble ? Qui a condamné l'une ? Qui a sauvé l'autre ? Adèle sait bien qui il est, cet homme devenu puissant par la grâce de la Révolution, qui veille sur elle et favorise l'ascension de son frère.
Mais tout en elle refuse l'évidence ; elle s'efforce seulement de vivre. Et ainsi, elle accepte de venir à Paris. C'est le temps du Directoire, dans la folie de la liberté retrouvée. Eblouie, Adèle découvre la grande ville, le monde des nouveaux riches et celui, encore apeuré, des émigrés revenus. Mais elle n'est à son aise ni ici ni là : elle est d'Aiguebrune, là où, devant l'étang frémissant sous le ciel de l'Angoumois, vivent ses vraies racines : ses fidélités, son honneur et son cœur.
C'est là qu'elle se retrouve enfin, dépassés les deuils et les déboires. Et c'est là que l'attend l'homme, haï et très aimé, qu'elle n'a cessé secrètement d'espérer. On n'en finira jamais d'aimer Adèle d'Aiguebrune. Sensible, violente, douloureuse, ardente, c'est une des plus belles figures de la littérature romanesque. Une grande héroïne dans une époque passionnée.