Angelique 1900. La Destinee D'Une Jeune Femme Du Terroir Dans La Savoie Traditionnelle

Est-ce un roman, cette histoire tonique de deux familles qui, sur trois générations, trace droit les sillons de leur vie, du côté de Notre-Dame-des-Millières et du Villard-de-Sainte-Hélène ? Renée Pillet-Martin ménage le suspense... Les anciens, ce sont Stanislas le maquignon et la Françoise, un panier de bugnes ou de cerises au bras ; et aussi Pierre, le paysan bougon, aux côtés de la discrète Hélène. Ils incarnent la Savoie d'autrefois, celle de la terre à la fin du XIXe siècle, prise entre champs et bêtes. Leurs enfants, Angélique et Joseph, se marient - elle, jolie, élégante et courageuse ; lui, solide et entreprenant. Avec la fougue de la jeunesse, ils se lancent dans le commerce des pommes de Savoie, expédiées aux quatre coins de France. Quant aux petits-enfants, Marcel et Nénette, ils connaissent le temps du pensionnat à Chambéry, de l'automobile, des balades enivrantes en montagne, des bals illuminés de lampions et de rires. Mais le malheur n'oublie personne : il y aura les guerres, les séparations, les deuils et l'épreuve cruelle de la maladie. Mais par-delà le chagrin le plus vif, renaissent intacts le goût de la vie, l'émerveillement devant ses beautés, le sens de l'amitié et de l'amour. Angélique 1900 allie avec une sensibilité très authentique la fraîcheur de la jeunesse et une recherche de la sérénité qui pourrait bien être une sagesse. L'auteur, Renée Pillet-Martin, brode son récit à petits points, restituant d'une main patiente et tendre les archives du quotidien, des petits mots d'enfants aux détails du cadre domestique. Comme Angélique et Françoise, elle sait que les paroles, les rites et les menus objets dont les femmes embellissent l'univers familial sont autant de remparts contre le mal, la souffrance et la mort : le balcon fleuri de géraniums rouges, l'écharpe couleur de boue tricotée pour le soldat des tranchées, la robe moirée aux lumières de la fête, le bri précieusement transmis à la jeune maman, sont prières au même titre que le cierge allumé par Hélène. En écrivant ces pages tout intimistes, Renée Pillet-Martin s'inscrit dans la lignée de ces femmes savoyardes dont tous les gestes, jusqu'aux plus humbles, sont œuvre de vie et œuvre d'amour.