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"A l'époque où il lut le manuscrit d'Hector, Albert Camus était aux prises avec l'une de ses oeuvres majeures : L'Homme révolté. Peut-être que mon roman, qui sentait le soufre, lui sembla épouser la ligne qu'il développait tout au long de ce vaste essai. Il y retrouvait non seulement le train-train d'une Algérie coloniale ignorant son destin, mais, à travers ce semblant d'innocence, le malaise inspiré par de jeunes voyous qu'une sorte de fatalité, sous la splendeur des nuages et des roseaux dansant leur pavane, conduirait à trancher les mains à un pianiste avant de le débiter en morceaux.
L'horreur de l'acte, la splendeur du décor et du Temps bondissant de seconde en seconde, tout cela était donné à la fois. Les personnages n'en avaient aucune conscience. Cette conscience était dévolue à l'auteur qui, à un moment, s'identifiant à Dieu, s'écriait : "Quelle faute monstrueuse que la Création ! " Il s'agissait, alors, pour Dieu, de barrer d'un trait de plume les lois régissant cette création : sur la jetée du port de Musturaga, mes deux héros se fondaient en une entité unique, qui abolissait toute dimension, toute limite, toute loi.
La Terre éclatait".