Articulture - Edition bilingue français-anglais

Quand on veut analyser un paysage il y a deux méthodes : l'une est de se mettre dans les bottes du paysan et d'essayer de comprendre jour après jour, mètre après mètre comment il a su agir sur son environnement. Comme bien évidemment on a pas le temps d'utiliser cette première méthode on remplace le temps par la distance et on s'élève d'une centaine de mètres au-dessus du sol, cela permet de perdre de vue les détails pour ne plus voir que l'essentiel.
Là, se lisent les structures, là se perçoivent les échelles géologiques, forestières, hydrologiques, là s'imprime l'empreinte des activités humaines sur la longue durée. Ce n'est pas par hasard si ceux qui parlent bien du paysage sont le plus souvent les vieux. Cette distance que j'ai recherchée en m'éloignant du sol, eux ils l'ont acquise par la parfaite connaissance de leur terrain. Ces photos sont des kaléidoscopes qui en fonction du moment font passer l'observateur de la rêverie à l'apprentissage le plus détaillé des pratiques d'aménagement.
En même temps elles sont une leçon de modestie pour les aménageurs qui mesurent plus facilement que d'autres l'ampleur des moyens mis en œuvre pour façonner les sites. Les multiples sensations que ces images procurent ont été un régal lors des prises de vues, l'auteur n'a pas pu introduire le vent, les odeurs et les mouvements des nuages dans cet ouvrage. Toutefois après les nombreux livres qui ont permis aux voyageurs, pédestres ou automobilistes de mieux connaître leur province, celui-ci ouvre la voie aérienne à une mise en image intermédiaire entre le tourisme et la géographie.
Jean Louis Bernard