Au coeur de la tragédie arabe : la crise du constitutionnalisme

Dans le contexte arabe, la mise en avant de la spécificité culturelle comme paradigme différentiel pour se déconnecter de l'universel n'est-il pas, encore une fois, une manière de pérenniser l'exception ? N'est-il pas un procédé de refuser de s'ajuster aux autres sous prétexte de rester fidèle à soi ? Ce relativisme culturel nous ramène au cœur de la crise du constitutionnalisme arabe. On peut se demander si, à force de repousser les valeurs universelles toujours plus loin, on ne finira pas par aboutir à une impasse théorique. En effet, qu'on s'en félicite ou qu'on le déplore, ces règles existent et ne semblent pas prêtes à perdre de leur prestige normatif. Cette existence a une signification que, quelle qu'elle soit, une attitude de rejet très vive ne contribuerait jamais à les nier. Car en rejetant l'universel au profit d'un hypothétique relativisme culturel, on ne peut aboutir qu'à un modèle différentiel, qui va s'enrichir de ses mutuelles spécificités comme le rêvent certains penseurs arabes. Cette idéologie prépare une bombe à retardement : une radicale islamisation de la société (arabe).