Christos et les chiens - Grand Format

"Qu'est-ce qu'on fera quand la guerre s'arrêtera ? demande un milicien. Je n'ai pas l'habitude de me reposer. Quand je ne tue pas je meurs". "On fera ça aussi en temps de paix. Qu'est-ce qu'on pourrait bien faire d'autre ?" lui répond son chef. Dans ce troisième volet de sa Trilogie de la neige et les chiens - les deux premiers, "Neige à Athènes" et "L'île des Balkans", ont été regroupés en un volume (La neige et les chiens, Belfond, avril 1993) -, Vidosa-V Stevanovic développe une vision très sombre de l'après-guerre dans l'ex-Yougoslavie. Ceux que la peste nationaliste a transformés en chiens noirs pétris de haine ne rêvent qu'aux moyens de poursuivre leurs exactions et leurs trafics. Les victimes innocentes, femmes et enfants ayant souffert dans leur chair et leur âme, peuvent seulement espérer, par le partage des souffrances et des souvenirs, rendre l'horreur plus supportable, en attendant une improbable rédemption. Quant aux véritables responsables, les politiques, mis en scène par l'auteur dans quelques séquences hallucinantes d'humour désespéré, ils poursuivent dans l'ombre leur délire mégalomaniaque et autodestructeur. Aussi terrible et bouleversant que La neige et les chiens, et empreint du même réalisme fantastique, Christos et les chiens constitue à la fois la synthèse de l'oeuvre de Stevanovic et sa conclusion, sous forme d'explication politique - ce qui vaut à ce troisième volume de n'avoir pas trouvé d'éditeur dans son propre pays.