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A la veille de son trois centième anniversaire, Saint-Pétersbourg méritait un regard neuf. C'est celui, admiratif et respectueux, que lui porte Brigitte de Montclos qui, tout en prenant en compte les témoignages anciens, propose une nouvelle
approche, rigoureuse et scientifique de l'histoire, de l'art et de l'architecture de cette ville mythique. Dès le XVIIIe siècle, les voyageurs européens qui découvraient
Saint-Pétersbourg revenaient avec des informations uniques comment construire en dur sur un terrain mou, comment vivre
sous un climat qui tue, comment s'amuser quand il fait si triste.
L'étonnement était de mise, l'admiration également, et le mythe de Pierre le Grand, le tsar réformateur, constructeur et destructeur, naissait. Les révolutions de palais étaient connues sans
que l'Occident cherchât à en approfondir les origines. Catherine II, impératrice de toutes les Russies, vivait à Saint-Pétersbourg avec une munificence qui lui valait l'admiration des représentants occidentaux du siècle des Lumières.
Héritière de Pierre Ier, certes, mais aussi de Catherine Ire, d'Anna Ivanovna et d'Elisabeth Ire, c'est en tant que représentante du siècle des impératrices qu'elle a fait entrer la Russie dans le " concert européen ".
Mais, place aux hommes ! Le XIXe siècle est le siècle des empereurs. Les récits de voyageurs sont ceux d'Astolphe de Custine, de Théophile Gautier, d'Alexandre Dumas, qui racontent avec la verve que l'on sait, l'histoire de la nouvelle capitale et ne manquent pas de la comparer avec l'ancienne, Moscou. Après
les attentats répétés, l'intelligentsia russe parle bas jusqu'à ce que les événements se précipitent.
Déchue de son rang en 1918, Saint-Pétersbourg est abandonnée à un long sommeil. Aujourd'hui, au terme de ses heurs et malheurs, Saint-Pétersbourg a acquis une certaine sérénité : la ville a résisté à trois cents ans d'inondations, à une révolution, à un blocus de neuf cents jours, à une perte d'identité puis à ses retrouvailles en 1991. Elle a été construite et déconstruite, peuplée et dépeuplée. Et elle est toujours présente avec la fascination de son eau, de son froid, de sa glace, de ses nuits blanches et de sa démesure.
On ne se lasse pas de son histoire, si riche que
chaque adorateur y trouve encore des ressources inexplorées. Ses maîtres, bien différents pendant ces trois siècles, n'ont
épargné aucune peine pour l'embellir. Et l'on découvre que de Pétersbourg (1914) à Pétersbourg (1991), le respect du passé a
croisé la puissante architecture stalinienne que nous n'avons plus le droit d'ignorer.
Civilisation de Saint-Pétersbourg raconte la magistrale histoire d'une ville que chaque mort a fait ressusciter.