Coïncidences morphologiques

"COÏNCIDENCES MORPHOLOGIQUES" contient de nombreuses pépites musicales comme le titre afro-jazz "La locomotive dort" , au groove implacable et percutant, bel hommage au maître Nougaro. Il y a aussi le très bon reggae "Je mène une vie de star" , burlesque et dansant, aux riffs de guitare efficaces de Vincent Morla et aux accords de piano majestueux de Florent Richard. Yves-Ferdinand est fan ultime d'Aswad, un groupe qui selon lui "incarne avec excellence toutes les facettes du reggae au fil de plus de 30 ans d'existence" .
Mais le titre reggae d'Yves-Ferdinand le plus diffusé à ce jour, "Trois petites biquettes" , qui a servi à annoncer le Salon de l'Agriculture 2014 dans l'émission "Les Matins de France Culture" , est plutôt un clin d'oeil à Gainsbourg et aux "trois petits zoulous" de sa chanson "Bana basadi balalo" . Dotée d'un très beau refrain, "Les roses du Cap-Vert" est une fusion bossa-morna, mélodieuse et poétique, qui nous entraîne dans l'univers délicat de la grande Cesaria Evora : Yves-Ferdinand est un admirateur inconditionnel de la diva aux pieds nus, qui incarne pour lui de manière concrète ce que signifie "chanter avec le coeur" .
Cerise sur le gâteau : Adrien de Araujo (l'autre moitié du duo DOTC) est lusophone, c'est donc lui qui récite les vers en portugais. C'est sans doute un des plus beaux titres de ce nouvel opus, où l'on découvrira aussi l'entraînante chanson électro "Eden Tao" composée par le talentueux duo Drama On The Corner, sans oublier la tendre ballade poétique "Entre les beaux-arts et le jus d'orange" , un titre rempli d'émotions, parfait exemple de la beauté des textes toujours en décalage avec le convenu.
La chanson pop-folk "La sévérité des vérités" nous rappelle le style de Thiéfaine, artiste qui a procuré à Yves-Ferdinand son plus beau souvenir de concert : "J'ai assisté aux 20 ans de scène d'Hubert-Félix Thiéfaine le 11 décembre 1998 : trois heures de concert inoubliable dans un Bercy archicomble (17'000 spectateurs venus de toute la francophonie ! ) En sortant, la foule n'arrêtait pas de chanter "La fille du coupeur de joints" jusque dans les couloirs du métro...
" En bonus, Yves-Ferdinand s'est même amusé à une reprise du répertoire d'Edith Piaf : "Non, je ne regrette rien" en duo avec Vincent Morla à la guitare. Enfin, "La mort du facteur" est un duo piano-voix particulièrement poignant, en hommage à Michael von der Heide, un de ses interprètes fétiche qui, dans sa chanson "Der Briefträger ist tot" , tue son facteur parce qu'il passe toujours chez lui après midi et qu'il ne lui apporte jamais de lettres : deux bonnes raisons d'en finir ! A partir de là, Yves-Ferdinand a construit avec ses propres émotions une histoire plus torride, mais qui se termine de la même façon.