Il serait difficile de résumer ce livre comme on résumerait platement l'intrigue du dernier roman "feel-good" à la mode. Il n'est pas ici question de "feel-good" d'ailleurs, au contraire. Ce livre n'est pas non plus un précis de philosophie ou un rapport scientifique, il permet pourtant, en moins de cent pages, de comprendre dans quelle sorte de monde nous vivons et nous allons vivre.
Ce monde, c'est un monde complètement industrialisé, artificialisé, technicisé, marchandisé. Organisé et exploité jusqu'à la moelle (y compris de manière écologique !) par une classe de technocrates.
Ces-derniers ont mis sous le joug de leur raison instrumentale la plus froide non seulement l'environnement mais aussi la vie des gens ordinaires (les "numéros") réduits à l'état d'esclaves (comme les nouveaux esclaves que sont les robots) qui ne maîtrisent plus jusqu'à leur propre reproduction. Bref, un monde guidé par le Progrès sans limite (la limite, cette notion "passéiste" et "réactionnaire").
Le style, c'est celui d'un Jonathan Swift ou, plus près de nous, d'un Jaime Semprun dans "Défense et illustration de la novlangue française" (Ed. de L'Encyclopédie des Nuisances, 2005), c'est-à-dire une ironie bien mordante, parfois terrifiante. A tel point que l'on croirait parfois lire de la science-fiction. Mais non, la plupart des choses décrites dans ce livre existent déjà et sont bien soulignées par les rares passages d'exagération (au sens de Gunther Anders: pour faire voir ce qui n'existe éventuellement qu'à l'état d'ébauche ou de trace, ou bien ce qui est dénié, négligé, voilé. Ou pour faire entendre ce qui semble d'abord inaudible), où, là, on rit, mais de manière nerveuse tant la réalité n'est pas loin...
Swifterie anti-industrielle
Il serait difficile de résumer ce livre comme on résumerait platement l'intrigue du dernier roman "feel-good" à la mode. Il n'est pas ici question de "feel-good" d'ailleurs, au contraire. Ce livre n'est pas non plus un précis de philosophie ou un rapport scientifique, il permet pourtant, en moins de cent pages, de comprendre dans quelle sorte de monde nous vivons et nous allons vivre.
Ce monde, c'est un monde complètement industrialisé, artificialisé, technicisé, marchandisé. Organisé et exploité jusqu'à la moelle (y compris de manière écologique !) par une classe de technocrates. Ces-derniers ont mis sous le joug de leur raison instrumentale la plus froide non seulement l'environnement mais aussi la vie des gens ordinaires (les "numéros") réduits à l'état d'esclaves (comme les nouveaux esclaves que sont les robots) qui ne maîtrisent plus jusqu'à leur propre reproduction. Bref, un monde guidé par le Progrès sans limite (la limite, cette notion "passéiste" et "réactionnaire").
Le style, c'est celui d'un Jonathan Swift ou, plus près de nous, d'un Jaime Semprun dans "Défense et illustration de la novlangue française" (Ed. de L'Encyclopédie des Nuisances, 2005), c'est-à-dire une ironie bien mordante, parfois terrifiante. A tel point que l'on croirait parfois lire de la science-fiction. Mais non, la plupart des choses décrites dans ce livre existent déjà et sont bien soulignées par les rares passages d'exagération (au sens de Gunther Anders: pour faire voir ce qui n'existe éventuellement qu'à l'état d'ébauche ou de trace, ou bien ce qui est dénié, négligé, voilé. Ou pour faire entendre ce qui semble d'abord inaudible), où, là, on rit, mais de manière nerveuse tant la réalité n'est pas loin...