Ecriture(s) de l'histoire

Augustin Thierry a trouvé sa vocation d'historien en lisant Les Martyrs de Chateaubriand. L'histoire des historiens recèle une part de narrativité et d'imaginaire tandis que la fiction et la littérature ont parfois un statut critique par rapport aux rationalisations des penseurs de l'histoire. Le passé est toujours recomposé. Aborder l'écriture de l'histoire, c'est renoncer à la quête illusoire d'une vérité et d'une objectivité impersonnelle pour réfléchir sur les fondements (épistémologiques, idéologiques et esthétiques) de la représentation des événements historiques, pour s'interroger aussi sur la valeur et le statut de l'acte littéraire par rapport à l'action politique. Ce volume qui réunit des études sur deux siècles ne suit pas un ordre chronologique mais repère des questions récurrentes d'un siècle à l'autre: la différence entre l'historique et le véridique, la collusion de l'intelligible et du narratif, le rapport de l'écriture et de l'engagement, la résistance du temps à l'Histoire, le retour du théologique dans l'histoire et ses dangers politiques, bien dénoncés par certains écrivains. Dans l'écriture de l'histoire se joue un rapport au présent et la littérature se trouve ainsi impliquée dans la construction d'un avenir, d'une culture, d'une identité nationale.